Le Pape François aime le rock progressif ! Si ce style est utilisé pour le single de Sa Sainteté, c'est bien qu'il n'a de diabolique que la technicité... Wake up !
I Might like to go to the show to feel that warm thrill of confusion... Je pourrai aimer aller au spectacle, ressentir ce chaud tressaillement de confusion... Enfin du rock progressif In the flesh, en chair et en os ! Les mots du groupe Pink Floyd dans la bouche du chanteur de Kingsport Head ouvrent le concert de ce vendredi 29 avril au Square Café.
Tout ce qui est rare est cher... Les concerts de rock progressif sont rares donc les concerts de rock progressif nous sont chers. Quelques pages d'un rock progressif pour les nuls ? Kingsport Head ne nous aurait pas privé de Wish you were here ou de Shine on your crazy diamonds. Le groupe ne prend pourtant pas le parti de nous flatter les tympans avec des frôlements familiers. Des savants morceaux de Van der Graff Generator ou Gentle Giant sont au répertoire. Fi de la démagogie !
Mais revenons-en au pape... Pourquoi aime t-il le rock progressif ? Peut-être parce que le révéré orgue y a une place de choix. Kingsport Head n'utilise pas moins de quatre claviers. Le célèbre synthétiseur analogique MS 20 de 1979 comme les amplis à lampes et l'ampli guitare Sunn des années 70 attestent de la volonté de perpétuer une mouture sonore originelle. Les musiciens de Kingsport Head et leur ingénieur du son choisissent un son plus chaud et plus organique que l'actuel numérique.
Des orgues, des salopettes et des chemises à jabot... Mais, Kingsport head n'est pas kitsch ! Pas plus que Genesis ou King Crimson ! Les groupes de rock progressif font preuve d'expérimentation et de liberté. Preuve en est lors du concert par un moment imprévisible de composition en temps réel avec l'utilisation de gestes de soundpainting. Le planant succède à des polyrythmies virtuoses, le fortissimo au pianissimo, le grandiloquent au subtil, le sombre au lumineux. Une musique d'un 21st Century Schizoïd Man...
Le chant très théâtral et les musiciens hauts en couleur ont servi magistralement la musique. En dehors du vibrant hommage à David Bowie avec le titre posthume Blackstar, des décennies nous séparent du répertoire. Malgré tout, les atmosphères indéfinissables ont occupé sans anachronisme le concert de Kingsport Head.