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La Goutte à l’Escapade de Hénin Beaumont

On peut sans aucun doute commencer par rappeler que l'Escapade est une très belle salle, que le son est très bon, que le parking est gratuit et gardé les soirs de concert et que c'est à quelques centaines de mètres de la sortie de l'autoroute. On a connu des débuts plus sensuels en matière de live report, mais c'est bon à rappeler. La programmation tape chaque année quelques groupes étonnants qu'on peut voir dans d'excellentes conditions, à... 25 minutes de Lille à cette heure là.

La Goutte est un compagnon fidèle de Lille La Nuit et on se souvient qu'ils avaient dû refuser du monde lors de la sortie de l'un de de leurs deux albums, à Wazemmes. Le début de ce concert intimiste et chaleureux est sobre, strictement acoustique sous de belles lumières tamisées. Pas de temps d’observation, l'ensemble est rapidement particulièrement expressif et engagé, on swingue à trois et quatre temps. Une jolie contrebasse et des balais softs sur caisse claire timbrée nous emmènent avec la plus grande douceur sur le territoire de la Goutte. On égrène les aléas de la vie, les hasards de la mort, les turpitudes de l'amour, les copains abandonnés, abîmés comme des friches industrielles et qu'on va consoler parce qu'ils peuvent encore servir à la S.P.A des amoureux..

On chante comme on vit, on assume un certain réalisme, on a photographié de vrais moments de vraies vies et on les a mis en musique. La complicité du groupe est manifeste, de celles qui ne s'improvisent pas, de celles qui débordent tranquillement le cadre de la répétition. On met la vie à nu et on l'écorche autant qu'on l'adoucit, c'est parfois rude, c'est parfois doux, on n'est pas sur Facebook et ses collections de vies parfaites. Des ampoules nues descendent des cieux et les filaments mettent en douce lumière les oscillations des guitares. Bienvenue au paradis évoque le paradis climatisé des résidences sécurisées, très loin de ce que dégage le groupe, très humain, teinté d'accordéon.

On retrouve tout au long du concert une vraie ferveur et un très bel engagement. Les textes suivent des trames narratives très développées qui font penser à celles des deux premiers albums de Springsteen, ou celui de Ghost of Tom Joad bien qu'on chante en Français, à trois mots près (Self made man). C'est tendu d'une belle inquiétude sourde quant au monde qui se profile, quant au monde tel qu'il est. Gabriel de Villeneuve, au chant, se moque de son propre pessimisme après avoir évoqué la fin du monde et de paisibles décès loin des couloirs d'hôpitaux. Il ajoute malicieusement, C'est une soirée festive. On ne force pas, il ne fallait pas venir pour le boucan, les guitares sont fines et acoustiques, souvent, on complète aux claviers très groovy et à la batterie agile.

On arpège finement à deux guitares sur des tapis d'orgues doux qui rythment des valses en flonflons et contretemps. La Chanson du rat d’égout montre un groupe étreint par le sort du monde tout autant que d'autres manifestent un goût prononcé pour le bonheur de l'instant présent. Steenvorde est une chanson d'une vraie classe ouvrière, dont se dégagent des accents du meilleur Reggiani. Une soirée vraie. Un album à découvrir, vendu à prix libre (si, si, il suffit de le demander en écrivant à l'adresse indiquée sur leur site.) En attendant de retourner à l'Escapade, pour y retrouver Tom Novembre par exemple ou Dobet Gnahoré. Rien que ça.

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