Cold Cave + Ignatz à De Kreun

Ignatz est seul à la guitare, entouré de machines. Regard tourné vers le sol, ou dans la vide. Si le visuel n'a rien d'emballant de premier abord, c'est sa voix qui porte. D'emblée on pense à Lou Reed. Par le timbre, mais aussi par les mélodies où l'expérimental côtoie un rock très velvet undergroundien. Ignatz oscille cependant entre des morceaux très doux à la Blackshaw et d'autre beaucoup plus sombres qui approchent le drone. A d'autres moments des rythmes tribaux s'invitent, créant une atmosphère énergique persistante, mais sans renier la froideur et la voix distanciée qui ne sont pas sans rappeler Suicide. Ce mélange assez inattendu en fait la bonne surprise de la soirée. L'homme ne réinvente pas complètement le folk mais propose quelque chose de frais et sympathique à l'oreille. Pas sûr cependant que beaucoup aient écouté un traitre mot, et la salle était à moitié vide. La bière et les discussions dehors ravissent les spectateurs venus clairement pour Cold Cave, et qui n'ont pas particulièrement envie de découvrir autre chose.

Plus de monde et plus d'attention donc pour la foule noir corbeau qui s'amasse devant la scène. Sombre, très sombre. Et quand lumière il y aura, ce sera d'un rouge foncé dissimulant les mouvements de plus d'un musicien. Seul le chanteur est à peu près visible ; quant au guitariste à gauche, il disparaît complètement, à la manière d'un Chris Karloff en 2004. Après tout, on apprendra que Wesley Eisold est en fait seul aux commances du projet, si bien que ce qu'on appelle "musiciens additionnels" sont destinés à rester dans l'ombre. Mouais. Cold Cave, donc. Avec un nom pareil on ne s'attendait ni à des rastas ni à un défilé multicolore. Cold Cave rime avec cold wave et c'est bien la mouvance à laquelle on pensera immédiatement. Pas de quoi ravir les amateurs de vrais sons froids à la Joy Division néanmoins. Pour ça on attendra de larmoyer, fébriles, devant Peter Hook à défaut de Ian (pour les rêves de gosse c'est ici http://www.lillelanuit.com/fiche_concert/Peter_Hook-52105.html).

L'allure se veut sérieuse, froide, distante, mais la musique, elle, est bien pop. Le groupe mélange paroles tordues (oui, les corbacs, c'est par ici !), voix singeant le regretté Fad Gadget, et synthpop en arrière-plan. Passé un premier effet de déception, et une nette envie de lui faire manger plus d'indus par cuillères à soupe, le groupe n'est pas désagréable à écouter. Aucune invention particulière, beaucoup de pompes des années 80, pas de jeu de scène formidable, mais un combo qui manie les essentiels de son genre avec talent. Les Américains enchaîneront bientôt les premières parties de The Kills. Gageons qu'ils rencontrent là un public adapté comme lors de leur tournée avec Editors. Si le line-up s'est agrandi récemment au profit de sons plus profonds, noisy, espérons quand même que le jeune combo gagne encore en maturité et expérimente un peu plus. Ils ont toutes les cartes en main.

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