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Bill Callahan et Sir Richard Bishop au Grand Mix

Il est assez loin, finalement, le temps où Bill Callahan, le chanteur et compositeur américain, sortait sous le nom de Smog - puis (Smog), des albums lo-fi aux sonorités alt-country et rock underground. Depuis ses premiers opus, sa voix grave et apaisante a rejoint des horizons plus professionnels, sans jamais lâcher la mélancolie qu'elle transporte.

Plus de 20 ans après son premier album, Macramé Gunplay, en 1988, Bill Callahan, ayant alors pris son vrai nom pour la scène depuis quelques années, sort I wish we were an eagle en 2009 et bouleverse l'ordre des choses. Un opus de neuf petits morceaux plein de surprises et de réussite, dont l'arrangement de certains égalent la grâce des plus belles réussites musicales du genre.

C'est une œuvre majeure donc, accueillie avec beaucoup de critiques positives, que Bill Callahan venait nous présentait au Grand Mix de Tourcoing ce mercredi.

Le début de la soirée se passe dans la bonne ambiance simple et quasi-familiale du Grand Mix. Tandis que le CD des Local Natives (en concert dans cette salle le 18 février) passe en fond, la salle se remplit peu à peu et les lumières s'éteignent pour accueillir sur scène une "première première partie". Petite surprise du soir en effet, c'est le batteur de Bill Callahan qui s'assoit seul sur scène et nous présente quelques compositions personnelles.

La présence d'une seule batterie sur scène laisse peu de place à la diversité. Alternant entre les baguettes, la grosse caisse qu'il frappe en chaussette, et sa voix qui s'échappe loin, le batteur nous offre une première mise en bouche pour le moins expérimentale. Une "entrée" sympathique dont il ne faudrait pourtant sûrement pas abuser.

Mais très vite, il remercie son public, annonce son retour un peu plus tard aux côtés de Bill, et laisse la place à la "vraie" première partie de la soirée, à savoir le très talentueux Sir Richard Bishop.

Pour ceux qui ne connaissaient rien de ce nom et qui ont eu la curiosité de fouiller un peu avant le concert, ils auront certainement lu et entendu une guitare, et rien que ça.

Et c'est effectivement ce qui nous attend ce soir. Sir Richard Bishop, ancien guitariste de Sun City Girls, venu du Michigan n'a de Sir que le nom, clin d'oeil à l'explorateur et poète Sir Richard Francis Burton.
Avec dans ses partitions d'inspiration un mélange de Django Reinhardt, Chet Atkins ou encore Ali Akbar Khan, Richard Bishop a développé un jeu véloce dont la gymnastique des doigts en laissera quelques-uns muets de respect. Un drôle de monsieur à la grosse barbe, enfoui sous un bonnet, assis dans sa plus grande simplicité sur scène pour se faire plaisir à jouer, et offrir ce plaisir.

Richard Bishop est un passionné de mythologie et autres croyances magiques, et sa musique s'en empreigne avec une virtuosité et quelques improvisations délirantes tout aussi envoûtantes que mélodieuses.

Durant sa prestation uniquement instrumentale, on assiste ainsi à un mélange des styles, du jazz à la guitare folk manouche, en passant par les sonorités orientales qui ne sont pas sans rappeler le oud arabe.

Puis l'artiste s'efface et Bill Callahan prend place sur scène, aux côtés de son batteur, complètement pieds nus cette fois.

Une formation très simple et minimaliste donc, sans violon ni autre instrument qui portent pourtant tout leur intérêt dans l'album.

Cependant, lorsque le chanteur nous rappelle à nos oreilles sa voix grave et pleine de force, le dénuement nous donne une occasion de nous arrêter un temps de plus sur le jeu du batteur ainsi que sur la chaleur de la voix de Bill Callahan, lui pourtant si froid et distant, comme à son habitude.

Il a le regard plongé dans ses chansons. Quelques fois, ses yeux s'attardent sur une ou deux silhouettes du public. Jamais un sourire, rarement un mot. Il est là, mais il est très discret dans ses sentiments, à l'instar de se chansons qui se promènent en toute discrétion et simplicité dans la mélancolie.

Il est de ceux qui font tressaillir, et dans sa poursuite de l'épure des sons, il nous offre là sur un plateau un joli set de chansons et de balades folk tout simplement belles.

Alors que le premier rang est accoudé à la scène comme à un bar, un jeune enfant est allongé, sur la scène, côté jardin. Enroulé dans son manteau sous la surveillance des parents, il s'étale de son long et fixe de ses yeux ronds le chanteur avec beaucoup d'intérêt, en silence.
Le chanteur lui renvoie tout au long de son set différents regards, dans la plus grande sobriété. Il faut dire que l'on écouterait bien Bill au coin du feu, enroulés dans un pancho sur un vieux fauteil à bascule ; il nous conterait alors des histoires avec pour seule arme sa guitare, à l'écart de tout le reste du monde, tel un cow-boy dans un vieux western.

Mais même si quelques intros sont bien applaudies, reconnues, et reprises par le public, l'ancien Smog aurait tendance à propager un certain ennui dans l'auditoire avec un enchaînement des titres finalement semblables à celui de son album.

Sa voix lancinante conduira tout de même à trois rappels, de quoi satisfaire les plus grands admirateurs du public tourquennois ce soir-là.

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