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Benjamin Biolay à l’Aéronef

Le grand méchant loup Benjamin Biolay a rempli l’aéronef samedi soir (11 mai), là où l’ours grognon Jean-Louis Murat n’avait pas attiré la foule une semaine plus tôt… Un peu injuste pour Murat, habile mélodiste lui aussi. Mais ainsi va la notoriété. Un peu plus people (malgré lui), Biolay possède aussi un plus large public. Jeunes filles volontaires pour se laisser croquer par le loup quand Biolay chante « la nuit je mange une fille aux cheveux orange » (dans Night shop), comme si il s’adressait à chacune d’entre elle ; jeunes hommes prêts à sautiller quand le compositeur envoie du gros son quasi électro-dance ; ou quinquagénaires nostalgiques de Gainsbourg, à l’écoute de ses héritiers.

Biolay chante en Français, comme Dominique A. ou Alex Beaupain, ses pairs classieux. Et seule l’acoustique de l’aéronef - dès que la sono grimpe en force - empêche parfois de comprendre ses paroles. On se dit, « OK, il existe désormais quelques bons groupes français chantant en anglais, mais dîtes-moi si un seul d’entre eux propose des textes intéressants ? » Biolay, lui, allie musiques et textes de qualité, sait établir la complicité avec son public en multipliant les allusions dans ses chansons, quitte à en modifier les paroles « live ». Y compris en glissant (samedi à Lille) un tacle à la confusion française politique du moment.

Compositeur prolifique

L’homme se multiplie. Il vient de composer sept des titres du nouvel album de Vanessa Paradis, qu’il a supervisé. On l’a vu récemment ténébreux au cinéma, loup bellâtre dévorant le chaperon rouge Agathe Bonitzer dans « Au bout du conte » d’Agnès Jaoui. Justement, samedi, il a débuté son concert dans une lumière bleue nuit de loup garou. Batterie lourde, gros son, c’est Vengeance. Les extraits de son dernier album vont se fondre tout au long de la soirée dans un répertoire bien étoffé – neuf opus déjà. Biolay possède suffisamment de tubes pour tenir éveillé son public, alternant les plages violentes où ses cinq musiciens se déchainent, et les ballades romantiques où piano et violoncelle l’accompagnent (Dans mon dos ou encore Ton héritage).

On le comprend dès la deuxième chanson, La Superbe (intro de l’album éponyme). Les bandes verticales de leds bleues vont ensuite se faire paillettes pour Profite (qu’il chante avec Vanessa Paradis dans l’album Vengeance), puis Biolay va emballer définitivement ses 1400 auditeurs avec une Merco Benz binaire et guillerette jouée à toute vitesse. Il reste alors dix-sept titres à offrir et jamais l’on ne s’ennuiera. Le Lyonnais enchaîne joliment Aime moi mon amour (Vengeance) puis Night shop (La Superbe), continue avec un inaudible Rendez-vous qui sait (Trash yéyé), s’apaise à nouveau avec Qu’est-ce que ça peut faire ? (Trash Yéyé).

Timide

Pudique ou politiquement correct, Biolay se met au clavier électronique pour Ne regrette rien (Vengeance) et profite qu’il tourne le dos au public pour griller discrètement une clope. Il avoue sa timidité persistante en lançant à la foule « comme je ne suis pas très loquace en concert, cette chanson est la meilleure façon de vous dire merci », et balance alors les Confettis de son dernier album (« cela me va droit au cœur d’avoir toute votre estime… »).
Ground zéro bar précède un seizième titre, 15 septembre, encore extrait de La Superbe, puis Personne dans mon lit (Vengeance). Biolay sait se faire aimer en jouant le solitaire. Il fait mine de conclure le concert et dit au revoir dans un déluge de décibel, poussant vers l’apocalypse sa chanson A l’origine. Mais nous aurons droit à deux rappels. Avec Padam, les filles se font groupies « pour-de-rire », puis la vraie-fausse star présente son groupe sur Marlène déconne. Et le compositeur choisit d’achever son set sur un ton mélancolique et un vol de Cerfs volants rappelant le temps qui passe… Biolay semble n’en rester pas moins un éternel adolescent, un louveteau, en sorte.


 

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