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Un Homme à la Hauteur : Entretien avec Jean Dujardin, Virginie Efira et critique du film

Franchement, on en a un peu soupé des comédies françaises à Lille La Nuit. Il y a peu de films produits ces derniers temps dans l’hexagone qui soient des monuments de légèreté. Alors on s’installe dans notre siège de spectateur du matin - les projections de presse débutent à 9h – pour découvrir Un Homme à la hauteur. Et on se dit : « Allez, faites-nous rire les p’tits gars ! On vous attend ! ».

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Jean Dujardin fait 1m36 !

 

Premier constat : l’image est belle. On est à mille lieues de ces comédies pourries qui se fichent de proposer une photographie de qualité - ce qui en dit long au passage sur le mépris de certaines productions envers les spectateurs -.

Deuxième constat : La mise en scène est soignée. On a même droit à un beau plan-séquence. Il faut dire que Laurent Tirard a signé Mensonges et Trahisons, l’une des comédies françaises les plus réussies de ces dernières années.

L’histoire de Un homme à la hauteur est originale. Elle puise son inspiration dans un film brésilo-argentin Corazón de León datant de 2013. Les remakes sont souvent moins bons que les originaux. Mais Laurent Tirard soigne son adaptation. Surtout, il a la bonne idée d’être allé chercher Jean Dujardin, le playboy Number One du cinéma français, pour incarner un homme de 1m36 !

Quant on découvre Dujardin à l’image, on a un choc. On rit de bon cœur. Non pas de son handicap, évidemment. Mais vous avouerez que voir Dujardin qui dépasse facilement le mètre 80 raccourcit de plus de quarante centimètres - oui mesdames - c'est assez étonnant !

Jean Dujardin fait 1m36 !

Un Homme à la Hauteur : des effets spéciaux ingénieux qui servent le film.

 

Et puis il y a la rencontre avec Virginie Efira. Dans une comédie sentimentale - car c’en est une : n’ayez pas peur les mecs - l’alchimie entre le duo d’acteurs est capitale ! Dans Un Homme à la hauteur, on croit à ce couple de cinéma dès les premières minutes. Cela fonctionne du feu de Dieu entre Efira et Dujardin !

Tirard arrive à nous faire croire à cette situation extraordinaire (dans le sens qu’elle sort de l’ordinaire) : une femme tombe amoureuse d’un tout petit bonhomme, dépasse ses préjugés, ceux des autres, de la société. Il y arrive grâce à ses acteurs, sa mise en scène, l’ingéniosité de ses effets spéciaux, un script bien écrit. C’est important car l’histoire que veut nous raconter Tirard, est évidemment axée sur la différence et l’acceptation de l’autre dans une société de plus en plus formatée, manquant souvent de cœur.

On se sent concerné par cette histoire d’amour pas banale car les difficultés de ce couple sont abordées avec bienveillance et sans gags débiles. Jamais Tirard ne se compromet dans la vulgarité. On s’amuse, on est parfois émus. Cela nous rappelle des histoires d’amour pas très faciles - mais belles - que nous avons vécues.

Un bon point aussi pour un autre acteur du film : le cinéaste Cédric Kahn, parfait en rival de Dujardin, amoureux de Efira. On voit Kahn de plus en plus en tant qu’acteur au cinéma et c’est une bonne chose !

Si le film faiblit dans sa dernière partie et tombe dans les travers (obligés ?) de la comédie romantique lambda, on ne fera pas la fine bouche devant ce divertissement populaire de qualité qui mérite bien un satisfecit du public !

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Cédric Kahn, Jean Dujardin et Virginie Efira : le trio de Un Homme à la Hauteur !

 

Entretien avec Laurent Tirard, Virginie Efira et Jean Dujardin*

Le film est un remake. Pourquoi avoir eu l’envie de « réinterpréter » ce film ? Avez-vous apporté votre empreinte personnelle ?

Laurent Tirard : Une productrice l’avait vu en Argentine, l’avait adoré et m’a demandé d’y jeter un œil pour en faire un remake. J’étais assez sceptique. Et puis je l’ai vu. J’ai d’abord trouvé qu’il y avait un concept très fort, très audacieux, très gonflé ! Surtout, ce qui m’a plu c’est que j’ai trouvé que c’était une très belle histoire d’amour. Mais après l’avoir vu, je comprenais l’intérêt d’en faire un remake. Un des principes très fort du film c’est l’idée de prendre quelqu’un de très connu ! L’acteur qui joue dans le film d’origine est une star en Argentine. Prendre une star et la transformer en un personnage de 1m36, c’est l’un des ingrédients principaux du concept. Pour un public européen, qui ne connaît pas cet acteur, ce n’est pas la même chose. Et puis le film d’origine est très ancré dans la culture sud-américaine en termes de goûts, en termes d’images, (…). Du coup, je trouvais que cela avait du sens de refaire le film avec des acteurs français, en l’adaptant à notre culture.

Avez-vous vu dans Un homme à la hauteur des choses que vous n’aviez pu explorer auparavant ?

Jean Dujardin : La comédie romantique ! Dans mon cas. L’aspect technique, évidemment. La curiosité ! Je suis très curieux. Et puis, et puis… Et puis ça suffit, déjà ! (rires)

Je vais vous aider un peu : est-ce que  les effets spéciaux modifient votre façon de jouer ?

Virginie Efira : Il faut faire avec. Mais il ne faudrait pas que cela modifie le fait de pouvoir être ensemble et de jouer. Qu’il y ait à la fois des situations comiques qui existent mais aussi des êtres humains qui parlent, échangent, essaient d’être ensemble. Pour cela, Laurent Tirard fait attention pour que cela reste le plus artisanal possible. Evidemment, il y avait des moments où Jean était réduit numériquement à l’image…

Eclats de rires de Jean Dujardin.

Virginie Efira : Qu’est-ce qu’il y a ?

Jean Dujardin : Réduit numériquement ! C’est quelque chose qu’on n’a jamais dit de moi ! (rires)

Eclats de rires de toute la troupe.

Virginie Efira reprend : L’équipe des effets spéciaux était là et donc, on pouvait voir tout de suite ce que ça faisait. Mais alors, ils le diminuaient vraiment de partout, quoi !

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Virginie Efira et Jean Dujardin en couple de cinéma : on y croit !

 

Jean Dujardin : Mais il faut faire vraiment confiance, c’est vrai ! Moi j’ai pas tellement gambergé sur le plateau. Je me suis trouvé un tout petit peu ridicule la première heure, quand on a commencé la scène de bureau. C’est vraiment un truc de metteur en scène ! Faut être courageux pour accepter un projet tel que celui-là ! Parce que c’est pas simple à faire, c’est plein de pièges. Et ça peut être un peu chiant à fabriquer ! Nous avons tout de même trouvé des espaces de liberté. Mais c’est vrai qu’il faut faire vraiment confiance !

Des comédies, en France, il y en a beaucoup ! Un homme à la hauteur est une comédie singulière et réussie. Quel regard portez-vous sur les comédies françaises qui sortent en ce moment ?

Virginie Efira : C’est le genre qui est le plus facilement financé parce que c’est le genre qui concerne le plus de monde. Donc, c’est le genre aussi où l’on est souvent le plus fainéant. Alors que c’est un genre noble et très difficile à faire ! Parfois on se dit : « Super, on a quelques acteurs connus. On a un financement d’une chaine, on y va. » On y va vite et on espère une rentabilité. Je trouve que, parfois, c’est là où il y a le déficit le plus fort dans ce genre cinématographique. Alors qu’il est merveilleux ! Dans Un homme à la hauteur, il y a un soin esthétique et ce qui est raconté a de la tenue !

Je trouve que dans les comédies françaises actuelles, il y a beaucoup de vulgarité. Ce qui est plaisant dans Un Homme à la hauteur, c’est qu’il n’y a pas de vulgarité du tout. Et il y a une belle image. Ce qui est en général sacrifié dans les comédies françaises.

Jean Dujardin : Est-ce que la plupart des gens sont soucieux de ça ? De l'image? Du costume ? Nous, on est de la « partie ». Vous allez en voir beaucoup. Nous, on travaille dedans. Je parle vraiment pour Madame « Michu » qui va deux fois dans l’année au cinéma… Bon, c’est vrai c’est pas une raison !

Virginie Efira : Ah bah non ! On peut pas dire : « C’est très mauvais, mais il peut le manger ! »

Jean Dujardin : Non, je dis pas ça. Fermez vos putains de gueules (en plaisantant) ! Je ne suis pas du tout en train de dire que c’est mieux. Pas du tout ! J’ai l’impression que c’est un truc qui ressemble à l’époque. Moi j’ai un adolescent. Que je lui parle télé, grand écran ou tablette, il en a rien à foutre du support. Je dis aussi qu’on consomme le cinéma et qu’on ne le regarde plus comme il y a encore cinq ou dix ans. On est arrivé dans une espèce de machine à fabriquer. Je ne dis pas que c’est bien ! C’est un constat ! Et heureusement, je préfère aller dans un drame, un film d’auteur, que dans une comédie balourde, mal éclairée, mal habillée etc… Dans Un homme à la hauteur, je trouve de la tenue et de l’élégance. On peut être drôle et élégant ! On n’est pas obligé de penser que le public est complètement con et qu’il mangera du prémâché.

* Entretien réalisé à Lille le mardi 26 avril 2016.

Un Homme à la Hauteur
Durée : 97 min
Sortie le 04 Mai 2016

Affiche, photos et film-annonce © 2016 VVZ PRODUCTION - GAUMONT - M6 FILMS

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