Dans le Brésil d’aujourd’hui, la pièce de Strindberg trouve un écho brûlant !
Melle Julie et le domestique Jean du drame de Strinberg deviennent, chez l’artiste brésilienne Christiane Jatahy, Julia, fille d’un richissime patron, et Jelson, le chauffeur noir de ce dernier. La demeure aristocratique du père se transforme en villa clinquante avec piscine. Dans ce pays d’Amérique du Sud connu pour sa mixité et son extrême tension sociale, la différence de classes se double de la question raciale. L’adolescente est attirée par Jelson autant qu’elle le méprise ; elle s’amuse avec lui sans mesurer le danger avant que le jeu pervers ne se renverse pour la prendre à son propre piège.
La metteure en scène, qui a aussi réalisé plusieurs films, met en lumière la complexité des rapports entre les deux protagonistes par le recours systématique à la vidéo. Dans un dispositif scénographique où les écrans sont omniprésents, le public se perd dans le vertige des images et voit en gros plan les émotions les plus ténues, les tremblements les plus infimes sur les visages. Plusieurs approches se font en simultané et le trouble est abyssal.