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Benjamin Booker + Wild Smiles au Grand Mix

Quand on vient de Winchester, on a intérêt à viser juste. Pas de chance, les Britanniques de Wild Smiles, qui ouvrent vaillamment la soirée, ratent leur cible. Certes, le trio défouraille sévère. N'hésitant pas à dégainer des riffs de guitare bien abrasifs et des compos bruitistes mélangeant sauvagement influences Grunge et Punk. Mais à force d'avoir en ligne de mire des influences bien trop pesantes et visibles pour ses si frêles épaules (Nirvana et les Ramones), le groupe s'enferme dans des poncifs maintes fois rabâchés. Qui, loin de faire sourire, ne provoquent rien d'autres que des rictus de complaisance.

Le premier album de Benjamin Booker fut sans conteste l'une des meilleures surprises de l'année 2014. Un disque d'une insolente évidence. Sans fioritures. Teinté de Blues et de Soul mais rajeunissant le genre par une énergie imbibée de Punk-Rock. Exsudant la joie de jouer et l'envie d'en découdre. Un véritable coup de foudre. Laissant présager du meilleur pour son passage sur la scène du Grand Mix.

Difficile pourtant, en ce soir du 5 mars, de retrouver ce même plaisir immédiat. Lors des premiers morceaux, l'attitude du jeune Américain, encadré par le batteur Max Norton et le bassiste Alex Spoto, est d'ailleurs déconcertante. Celui qu'on imaginait volontiers jeune chien fou ne fonctionnant qu'à l'instinct et à l'adrénaline se montre en réalité extrêmement concentré, renfermé et peu communicatif. Cette apparente froideur, sûrement liée à de la timidité, se dissipera quelque peu, Benjamin Booker se montrant par la suite légèrement plus loquace et souriant. Malheureusement, le mal se révèle bien plus profond. Dès le début, une étrange tiédeur s'est en effet insidieusement installée. Empêchant l'immersion.

La prestation est traversée d'indéniables fulgurances. Inspiré par les créateurs du Blues électrique d'après-guerre, Benjamin Booker tranche dans le vif, rudoie les cordes de sa Gibson avec fougue et insolence, génère un son riche et musclé. Sa voix est absolument saisissante. Comme passée au papier de verre mais recélant une infinité de nuances. A la fois suave et graveleuse, puissante et fragile, calme et ensorcelante. Qui sait se montrer particulièrement touchante lorsque ses camarades remplacent leurs instruments par un violon et une mandoline d'un autre âge. L'âme d'un jeune Punk effronté enfermé dans le corps d'un vieux sage du Mississipi.

Seulement voilà, le concert manque cruellement de direction. Et n'arrive jamais totalement à convaincre. Benjamin Booker, chez qui on devine une passion pour Jimi Hendrix et le psychédélisme, s'égare de trop nombreuses fois dans des digressions guitaristiques et des déluges de saturations redondants. Comme sur « Kids Never Growin », inutilement étiré sur la longueur. Nuisant ainsi considérablement à la qualité première de sa musique: sa spontanéité. Dommage, c'est ce qu'on était venu chercher.

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