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Hippocampe Fou + Carl et les Hommes Boîtes à la Condition Publique – Festival en solo, ou presque #9

Les dernières places se sont vendues le jour même. Aucun doute, la deuxième soirée du Festival en Solo, ou Presque était attendue, et notamment sa tête d’affiche : Hippocampe Fou. D’un autre côté, c’est peut-être l’envie de se marrer un bon coup aussi qui a rameuté. Qu’on s’explique : la soirée, entre slam et rap, sera placée sous le signe du LOL.

Quand on arrive à la Condition Publique, il y a du monde mais il est clair que l’on n’est pas encore au complet. Certains préfèrent sans doute se passer de la première partie et attaquer directement le vif du sujet. Et on se dit qu’ils n’ont peut-être pas tort quand arrivent sur scène Carl Et Les Hommes Boîtes. On reste un peu sceptique au départ devant la musique de ce groupe bruxellois, en se demandant à moitié : « What’s the fuck ?! ». Une impression de déjà vu dans la déprime chelou croisée avec Mendelson il y a quelques mois au Grand Mix. Mais très vite, on se met à sourire en écoutant plus attentivement les paroles en français. Car, rappelons-le, ce combo est belge. Et qui dit belge dit souvent humour au 3ème degré. Carl Et Les Hommes Boîtes ne dérogent pas à cette règle, avec des textes nourris d’une dérision simple et drôle. Comme cette Bûche qui « raconte l’histoire d’un arbre qui se fait découper et sa mémoire qui file au fur et à mesure ». D’ailleurs sur scène des souches fabriquées en carton et peintes à la main servent de décor.
Le groupe est multi-instrumentiste : une batterie, des percussions, des synthés, un violon, une guitare, une trompette, un harmonica… posent des ambiances déstructurées et pourtant mélodieuses. On pense aux landais de Rhume, à Philippe Katerine, à Sébastien Tellier et au récent revival d’une tendance à casser les codes et franchir les barrières entre genres musicaux. « Le prochain morceau s’appelle Où Poser Des Yeux ?, c’est un extrait de notre premier album. Voilà… Vous allez bien ? ». Carl Roosens (chant/clavier), l’homme à la tête des hommes-boîtes, fait même dans l’humour presque involontaire. Après avoir raconté une dernière histoire Autour Du Lac portée par un tuba balourd (on ne cesse de se demander, amusé : c’est quoi ce délire ?!), le chanteur va se promener dans le public en soufflant volontairement trop fort dans une flûte.
Le set de Carl Et Les Hommes Boîtes est terminé, mais à la demande du public, le groupe offre un rappel. Enfin, plutôt une dernière blague : une reprise du titre culte de Balavoine, Le Chanteur, mais sans grandiloquence ; plutôt en décadence. Un truc drôle et intime, pour un « concert de 45 personnes, où même le tout Roubaix s’étonne ». Un truc à la belge quoi.

Les chevaux de mer prennent la relève et s’empressent de chauffer une Condition Publique maintenant pleine. « Ça fait plaisir d’être à Roubaix ! […] Bon c’est toujours facile de dire ça en fait. Est-ce que vous êtes aquachauds ? Prêts pour du rap aquatique ? » lance Hippocampe Fou tout en présentant ses comparses, Aquacolyte et DJ Céo. Tous les critères d’une soirée Rap sont réunis : casquettes à visière large, battles de punchline, bras en l’air – de gauche à droite ou de haut en bas – et des textes fous repris par cœur et en chœur par un public vraiment très réceptif.
Hippo annonce la couleur des 'clashs pour la vanne' dès H&M (pour Hémorroïdes et Mycoses) : « Est-ce que vous avez des hémorroïdes ? Toi là, oui j’en suis sûr. Et une mycose pour la fille ici présente ! ». On s’en était déjà rendu compte au Festival de Dour cet été, ou plus anciennement en concert à Lille, mais Hippocampe Fou s’apprécie vraiment en live. L’album Aquatrip, sorti en 2013, envoie du lourd mais "l’Aquashow" jouit d’une intensité et d’un phrasé difficilement transcriptibles en studio. Par exemple, Le Marchand De Sable est encore plus glauque avec Hippo et Aqua qui rappent une lanterne à la main comme seul éclairage de scène.
Le groupe fait ensuite vraiment participer la foule avec des "aquajeux". Ça clashe en continu : sur scène, avec le public, mais toujours dans la bonne humeur. Hippocampe Fou offre même à la Condition Publique un freestyle composé dans la journée, à base de rimes avec Roubaix, les « potos du Nord » et l’Hôtel Ibis du coin.

Après une pause pipi, le combo revient et balance LE titre que tout le monde attendait : Nu Dans Ta Douche. Euphorie totale de la salle qui saute, danse et balance les bras à tout va. Mais le rappel ne s’arrête pas là puisque le groupe invite sur scène Paranoyan « parce qu’il n’est pas tout seul dans sa tête et qu’il vient de sortir son album L’Ecole Du Micro Sans Argent ». Sur des samples rap connus de beaucoup, les artistes se renvoient le mic’ avant de se faire rejoindre par quelques freestylers du public venus répondre aux clashs improvisés. Le Rap aquatique et sa verve ont encore de beaux jours devant eux.
 

Hippocampe Fou - Le Marchand de Sable (live @RTBF)

 

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