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Florent Vintrigner à la Péniche

Instaurés en 2007 et organisés par A Gauche de la Lune, les Paradis Artificiels sont devenus en trois ans un festival lillois de belle envergure. Cette année encore, le festival regroupe pendant une semaine dans les salles habituelles de la métropole plus d'une cinquantaine de groupes. Le festival a donc débuté hier soir, et la première soirée très prometteuse s'est déroulée à la Péniche avec Florent Vintrigner (tandis que Mulatu Astatke and the Heliocentrics occupait le Grand Mix).

Florent Vintrigner, n'est autre que l'un des membres fondateurs du groupe La Rue Kétanou, à savoir son chanteur et accordéonniste. Sa voix reconnaissable entre toutes, est celle d'un artiste de rue, d'un poète qui mise sur l'amitié, la liberté et l'affranchissement des frontières physiques ou morales avant même de se poser la question d'une réussite ou d'un succès quelconque.
Et ce soir, alors que la Péniche a arboré son drapeau et ses affiches des Paradis Artificiels, les spectacteurs s'y engouffrent et attendent sagement l'arrivée de Florent et ses amis sur scène.
Un concert qui se voudra "assis" pour la plupart des spectacteurs, l'ambiance est familiale et bon enfant, des amis de Florent Vintrigner sont disséminés parmi les admirateurs, voilà que les trois compères remontent jusque vers la scène, suivi un peu plus tard par le batteur, manquant à l'appel.

Une petite scène remplie à quatre donc, pas de première partie, on est accueilli par celui que l'on vient voir. Florent Vintrigner se fait danseur, acteur, poète, animateur, chanteur, accordéonniste, ou encore harmoniciste ; à ses côtés, Jean-Louis Cianci est discrètement installé dans le fond de scène avec sa contre-basse, attentif à ses collègues, faisant vibrer la Péniche à chaque note ; Jean-Baptiste Maillet, le batteur, est bien "chaud", et s'enflamme dans des battements endiablés ; quant à Sébastien Bennett, le guitariste du groupe, il est tout simplement un pilier, sa dextérité et son sens des harmonies se faufilant parfaitement dans les balades et les jeux de mots du chanteur, apprivoisant tous les styles tour à tour.

Soyons prévenus ! Le concert débute comme son deuxième album, sorti en octobre 2009, L'homme préhistorique, avec "En pensant à vous", qui donne tout de suite la mesure du concert, un mélange de jazz et de guitare manouche, des chansons qui sonnent comme des balades au milieu des rues, on retrouve là tout l'univers de Florent Vintrigner. On enchaîne avec "La vache enragée", déjà présent sur l'album "La Pittoresque Histoire de Pitt Ocha", où la Rue Kétanou chante avec leurs amis les Ogres de Barback. Florent n'hésite pas pour l'occasion à demander à son public de participer pour reprendre en chœur les refrains, tandis qu'il danse seul un tango guilleret sur scène, le public adore et en redemande, mission réussie !

La guitare prend tour à tour au fil des chansons une sonorité manouche, flamenco, jazzy, des arpèges qui s'entremêlent parfaitement, ou bien se marie simplement et parfaitement avec la contre-basse dans des sonorités plus graves. Quoiqu'il en soit, Sébastien Bennett vit complètement sa musique et a tendance à s'évader dans ses pensées.

Florent, quant à lui, est un vrai troubadour, acteur au naturel, le contact avec son public est naturel et humain. Certaines de ses chansons ne sont pas sans rappeler quelques uns des titres de La Rue Kétanou. Que ce soit avec un accordéon, un harmonica ou simplement son micro, il est à l'aise et habite la scène. Certains morceaux sont de vrais délices, avec une montée en puissance de la batterie, l'omni-présence de la caisse claire, et une contre-basse pour laquelle la Péniche offre une acoustique incroyablement ensorcelante.

Florent Vintrigner nous offre un joli mélange de ses compositions, plus personnelles peut-être qu'avec ses amis de La Rue Kétanou. On le retrouve sans se perdre, on apprécie la diversité qu'il installe dans ses chansons tout en gardant les repères que l'on aime. Des mots parfois pudiques, certains plus légers, ou plus vifs, il sculte sa musique autour de ses idées, de ses craintes ou de ses rêves. Un registre qui ressemble à plus d'un titre à s'y méprendre au dernier album de La Rue Kétanou, À contre-sens, des chansons que l'on vit plus que l'on écoute, avec la plus grande attention et la plus grande émotion.

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