Les étoiles refroidissent aussi et Oiseaux de nuit, deux expositions originales à venir visiter à La Condition Publique de Roubaix jusqu’au 12 juillet 2025. A l'occasion de la saison Fiesta de lille3000, le LaM et la Condition Publique s’associent pour mettre en lumière des œuvres inédites de la création émergente et de la collection d’art moderne et contemporain du LaM. Dans les salles, sons, vidéos, sculptures, peintures et installations montrent toute la complexité de la fête.
Les étoiles refroidissent aussi : la fête éphémère comme porteuse de revendication
La saison Fiesta illustre la fête de bien des manières, ici, la fête est temporaire, un éclat de joie qui se perd dans la réalité. Une immersion dans l’univers de la fête en compagnie des œuvres phares de la collection d’art moderne, contemporain et brut du LaM, ainsi que des prêts. La Condition Publique vous invite à découvrir des éclats d’ivresse ou de retour à la raison, l’exposition invite à dépasser les simples apparences de la célébration et vous plonge dans l’ambiance frénétique et colorée de ces festivités.
Plusieurs artistes se sont emparés de l’ambiance du carnaval et des foires dans leurs œuvres : Arthur Van Hecke, Alighiero E Boetti, René Guisset ou encore Helmut N. Des ducasses au carnaval de Venise, l’exposition aborde différentes facettes de la fête : les artistes jouent avec les teintes et avec les références carnavalesques (Polichinelle, Arlequin, la sardane ou encore les masques). Durant tout le parcours, la notion de masque reviendra comme un fil rouge, car bien que la fête soit présente, un certain malaise est révélé. Moment éphémère où vertige, inversion sociale et instrument de contrôle se côtoient.
Arthur Van Hecke, Esquisse de jour de fête - 1951
Ce sentiment se fait d’autant plus ressentir à la suite de la visite, où l’on retrouve un tourne-disque dont la musique s'est tue, car un ballon avec de l’hélium retient le bras. Davide Balula nous laisse donc une œuvre silencieuse. Pour autant, un court-métrage passe dans la salle et des rires d’enfants jouant à la chaise musicale tournent en boucle. Dans ce contexte de l’enfance, une immense infrastructure a pris place donnant une impression de soirée pyjama. Benoit Piéron, créateur de cette installation géante, donne à la cabane de notre enfance, une dimension bien plus triste. Réalisée à partir des draps réformés des hôpitaux de France et d’Angleterre, le tissu prend alors une toute autre dimension, porteur de la mémoire des patients.
Benoit Piéron, Slumber Party - 2023
Une troisième salle représente cette fois-ci une fête plus violente et engagée. Avec une succession d’œuvres de Petrit Halilaj, mélangeant vidéo, installations et papier peint, on observe alors les vestiges de son enfance en suivant la démolition de son ancienne école. Au travers de son regard, on perçoit l’euphorie de la destruction par des enfants, détruisant et piétinant une enfance révolue. En souvenir à cette enfance, l’artiste à récupérer des pupitres de son école et en a fait des gigantesques sculptures d’aciers. Entre hobbies, premiers amours et dessins d’enfance, on retrouve également des éléments qui évoquent la guerre du Kosovo, ombre noire et traumatisme de son enfance.
Oiseaux de nuit : la nuit comme vecteur de transformation
Dans cette seconde exposition, des œuvres de 10 jeunes artistes explorent la fête comme espace où les corps se transforment et s’émancipent dans les imaginaires. Entre rites et métamorphoses, les corps s’hybrident et se fondent en de nouvelles chimères. De Lille, Bruxelles, Marseille et de la région parisienne, les artistes ont varié leurs supports : dessin, photographie, peinture, sculpture, installation, son et vidéo.
Accueillie par un hibou de Beatrice Celli, symbole de sagesse, nous sommes rapidement invités à plonger dans le monde de la nuit. Pourtant, en arrivant dans la première salle, salle de Clément Courgeon, la fête est lumineuse. Plongé dans le folklore occidental avec le carnaval de Dunkerque, l’artiste réalise un univers “pop-grotesque”. Entouré de tableaux colorés porteurs de revendications sociales, nous sommes plongés dans une utopie où la hiérarchie s’inverse entre les classes.
Clément Courgeon, Le monde allant vers - 2025
Dans un univers tout aussi coloré, l’artiste Aïda Bruyère à quant à elle retranscrit la fête en un court métrage d’une “Pop Star du futur”. Plongés dans un clip vidéo mêlant les codes du réseau social TikTok et du célèbre jeu vidéo Just Dance, nous sommes alors spectateur du Roubaix Dance Games.
Cette exposition ne s’arrête pas là et va plus loin, la fête devient un moyen d’émancipation, d’affirmation et de communication. Ugo Woatzi met en lumière la diversité, loin des stéréotypes de genre et de l’oppression. Imprimés sur des tissus, les corps dansants des modèles donnent une sensation de liberté.
Ugo Woatzi, Série Chameleon - 2018
La dernière partie de l’exposition nous confronte à des chimères, au monde de l’imaginaire où l’on perd une partie de sa raison. Lenny Rébéré, Hugo Servanin ou encore Béatrice Celli s’adonnent à des jeux de lumière, à des mythes en peinture ou encore à des sculptures mêlant les corps et les esprits.
Les infos pratiques sur ces expos à la Condition Publique
Jusqu'au 12 juillet 2025
Du mercredi au samedi 14:00 > 19:00
Nocturnes les vendredis jusqu'à 21:00
Le premier dimanche de chaque mois 12:00 > 19:00
Visite libre :
Plein Tarif : 5€ / Tarif Réduit : 3€
