Exposition YEA à l’espace Le Carré

YEA – Regard sur la Grande Guerre

YEA ! Ce n’est pas un cri de joie, mais une découverte. Sous cet acronyme on trouve de jeunes artistes allemands. Ils viennent d’Erfurt, sont déjà représentés par des galeries et exposent aujourd’hui à l’espace Le Carré. A Lille, leurs regards sur la Grande Guerre, en écho au centenaire de 1914-18, résonnent différemment.

Ce sont ainsi les entrailles de la ville que Michal Schmidt expose dans Las Lanzas. Dans cette peinture qui a les dimensions d’un tableau d’histoire, il n’est plus question du panache des grandes batailles mais de la douleur des massacres. Lille la première, ville occupée, a été particulièrement touchée. La Grande Guerre sans revenir sur son aspect meurtrier a été l’un des premiers conflits modernes : l’histoire n’a plus jamais été représentée de la même façon. Parallèlement la peinture moderne en a était marquée, torturée. Les couleurs explosent sur la toile et le passage des avions et obus se suit au nombre des coulures. Le peintre a travaillé pour rendre le champ de ruines d’après des photographies d’archives et des caricatures dont il a associé les images. Son exploration de la mémoire est audacieuse et le résultat bien vivant. Les cavaliers et les chiens se juxtaposent et les époques se mêlent dans ce grand chaos de la guerre. Les hommes semblent toujours perdus sous les bombes mais les décorations des soldats, pas plus que leurs épées ne les avaient préparaient aux nouvelles techniques de combat

Se souvenir de la Première Guerre Mondiale c’est pour des artistes contemporains la possibilité d’interroger le monde, de rappeler les conflits actuels et encore de porter un regard sur le monde comme il va.  Avec Bang Bang, Samantha Font-Sala rapporte d’un voyage en Turquie un stand de tir improvisé. Des ballons attachés à un fil que l’on peut tirer à la carabine contre quelques pièces. Les couleurs vives des ballons à l’horizon, comme des raisins trop murs, contiennent les promesses d’un avenir  éclatant. Loin de ce jeu dangereux, personne ne crève les baudruches enfermées dans l’exposition et qui se dégonflent d’elles-mêmes. Les installations d’artistes évoluent avec le temps et les hasards qui en résultent sont parfois plein de sens. L’habitat de Rosmarie Weinlich est de même appelé à vivre comme le suggère son sous-titre : souvenir mélancolique de l’éphémère. Dans une atmosphère tamisée, le spectateur se retrouve entouré par un lustre donc chaque ampoule contient en plus de la lumière, une solution nutritive et des plantes. Chacun à leur rythme bien que relié à un même circuit, les organismes croissent et dépérissent. Parfois une ampoule grille, et c’est la fin d’un monde, plongé dans le noir. Le spectateur entre ces étoiles de vie et de mort trouve à la portée de sa main un cosmos de curiosités, ramené à notre échelle.

Il n’y a pas toujours d’explications à apporter au visiteur. Dans ces regards d’artistes sur la Grande Guerre,  il y a quelque chose de sensible qui parle de soi, du monde comme il est et comme il va : il n’y a plus alors qu’à regarder.

YEA à l’espace Le Carré
Exposition du 18 avril au 15 juin 2014
Ouverture du mercredi au samedi de 14h à 19h
et le dimanche de 10hà13h et de 15hà18h
Entrée libre

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