Cafoucho, l’exposition d’Odieux Boby qui raconte des histoires avec la photographie.
Comment appeler une exposition où chaque photo est déjà une histoire et un voyage ? Cafoucho ! À découvrir jusqu’au 15 novembre 2025 à l’Aéronef.
CAFOUCHO – n.m : Placard, bazar ou débarras, en général mal rangé. (18 points au Scrabble !)
Enfant, Boby entendait sa mère lui lancer : « Range ton cafoucho ! » en désignant sa chambre envahie par le chaos. Aujourd’hui encore, il entasse… mais ce sont des images qu’il accumule : défilés de mode, concerts enflammés, manifestations, portraits intimes. Peu à peu, un fil rouge est apparu, révélant un regard irrévérencieux dans cette accumulation de quinze années de photographies. Ici, le désordre devient langage : une poésie visuelle où chaque image trouve sa place avec justesse.
L’exposition, appelée à voyager à travers la France, a posé ses premières valises dans le Nord, à Lille, un vendredi de septembre 2025. Elle a même réussi à mettre d’accord Lensois et Lillois dans une ambiance chaleureuse, vous en conviendrez en découvrant ces quelques images d’illustration.
Quand Boby évoque son exposition et son premier livre, c’est avec passion et émerveillement. Le nom rend hommage à sa mère, et la dernière de couverture à sa grand-mère : cette aventure s’écrit donc en famille, avec comme langage celui du partage et de la transmission. Derrière chaque tirage, il y a l’humain, une histoire, un moment suspendu qui transmet une émotion.
Nous avons été reçus par Boby et son équipe en pleine course pour boucler les derniers préparatifs. Fidèle à lui-même, il préfère tout finir au dernier moment. Nous l’avons vu hésiter sur le placement de ses tirages, se grattant la tête avec le sourire, avant de nous accorder quelques minutes pour une interview (à retrouver en vidéo). Ce qui frappe d’emblée, c’est sa gentillesse et son ton détendu. Mais il faut le dire : Boby marque avec passion une page de la photographie française contemporaine. Avec une dizaine d’années à photographier pour Libération et développer ses propres projets, il est, en toute humilité, une figure importante pour ceux qui aiment la photographie. Sa capacité à transcrire et graver, avec son Leica, des instants et des émotions dans un style immédiatement reconnaissable nous pousse à (re-)découvrir ses clichés d’autant plus précieux. JO 2024, Gilets Jaunes 2018, Vasque olympique, Rose Festival, Bigflo & Oli… pour ne citer qu'eux.
Se plonger dans son univers, à travers cette sélection qu’il présente lui-même comme « un choix plus difficile que de gagner une médaille olympique » (et on le comprend quand il faut trier plus de dix ans d’archives), c’est embarquer pour une balade immersive, accompagnée de musique, dans un lieu pensé pour rassembler, partager et transmettre des émotions. Et quelle réussite ! Au nombre de sourires croisés à attendre pour un échange et un autographe, une chose est certaine : chaque visiteur est reparti le cœur réchauffé et les yeux pleins d’étoiles.