En partenariat avec la Condition publique de Roubaix, Maguy Marin nous présentait ces vendredi 16 et samedi 17, BIT, sa nouvelle création. Maguy Marin est une grande chorégraphe française, l'une des seules non américaines à avoir reçu l'American Dance Festival Award (2003). Elle a créé plus de quarante pièces à ce jour dont BIT, coréalisée par l'Opéra de Lille et le Ballet du Nord.
Le fondement de la pièce repose sur le rythme. Les six danseurs, trois hommes et trois femmes possèdent une oreillette et dansent sur des rythmes différents alors que le public entend un morceau de techno pure. La question que s'est posée Maguy Marin est "comment peut-on agir ensemble sans se fondre complètement dans le courant général majoritaire ?" La recherche est intéressante et donne naissance à des interprétations singulières mais néanmoins subtiles. En effet la partition chorégraphique est bien précise, il s'agit d'une farandole qui lie les danseurs entre eux. Le contraste musique-danse souffle comme un air de modernité. Les danseurs partagent leur joie d'être sur scène, nous n'avons qu'une envie, aller les rejoindre.
Il y a sept pentes fortement inclinées sur scène avec lesquelles les danseurs s'amusent. Emporté par la musique et par la marche des interprètes, le spectateur se retrouve surpris par un brusque changement d'atmosphère. Les danseurs à demi-nus miment un acte sexuel bestial, cruel sur un fond sonore satanique. Puis, les artistes masqués sont munis d'une toge de moine, on semble assister à un rituel sectaire. Une des danseuses porte le masque de la mort, le public assiste à des scènes de nécrophilies. L'ambiance est pesante et lugubre. Trois interprètes traversent la scène avec un fil, métaphore des Moires : déesses du destin dont une tisse la destinée, une l'équilibre et une autre la coupe. Soudainement la musique repart, les danseurs en tenue de soirée reprennent leur farandole.
Il y a une forme d'innocence dans la danse qui se trouble à l'instant où le sexe arrive .
Maguy Marin
C'est une vision pessimiste de l'Homme que nous présente Maguy Marin. Un Homme gai, souriant, avenant en société, et obscur, pervers, avide de sexe et d'argent à l'abri des regards. Le changement d'atmosphère est tellement violent qu'il laisse le spectateur gêné. "Cette pièce interroge aussi le rapport entre la femme et la sexualité." déclare Maguy Marin. Cela semble aberrant puisque la femme est présentée comme soumise face à des scènes de masturbations et de viols. A la fin du spectacle le public applaudit perplexe et embarrassé. Les danseurs sont fabuleux mais le sens de la pièce reste à éclaircir.
