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Wax Tailor & The Dusty Rainbow Experience + Superpoze à l’Aéronef

Pas dedans. A aucun moment.

Cela crève le coeur d'écrire cela. Mais le concert de Wax Tailor aura fait pshiiit. Un mauvais millésime. Pas très pétillant. Manquant de saveur. De fraîcheur. Ne procurant aucune ivresse.

La cuvée précédente était peut-être trop bonne. Un excellent album, parfaitement maîtrisé: 'In The Mood For Life'. Et une tournée qui se terminait en apothéose avec une date au Sébastopol. Où le tailleur de cire était accompagné par un orchestre symphonique. Une date magique dont on garde un souvenir émerveillé, ému en raison de sa magnificence.

La force de ce souvenir a-t-elle un rôle à jouer dans la déception ressentie? Objectivement, non. Cette déception est liée à une sensation née avec le dernier album de l'homme au chapeau: 'Dusty Rainbow From The Dark'. Un sentiment désagréable à éprouver lorsqu'il concerne un artiste que l'on aime et défend depuis ses débuts. L'impression de le voir arriver au bout de ses limites créatrices. D'être incapable de se renouveler. De nous procurer de nouveau le frisson. En effet, ce dernier album est décevant. Trop prévisible. Reproduisant à la lettre ce qui a été fait sur les précédents disques. Mais en moins bien. Un beau produit vide de sens. Et de toute émotion. Wax Tailor semble désormais, comme les vinyles qu'il affectionne, tourner en rond.

Malheureusement, cette date à L'Aéronef n'effacera en rien cette amertume. Un avis qui ne sera probablement pas partagé par le spectateur lambda. Découvrant pour la première fois l'artiste sur scène.

Wax Tailor, au centre de la scène, derrière ses platines et ses machines, est le chef d'orchestre d'un spectacle complet. Où l'aspect esthétique a autant d'importance que la dimension musicale. Sur un écran géant situé au fond de la scène sont projetés extraits de films et animations visuelles. Un montage vidéo enrichi d'un savant jeu de lumières mettant en valeur les différents musiciens présents sur scène: un violoncelliste, une violoniste (tâtant également de la basse), une flûtiste et un guitariste. Et les chanteurs successifs, fidèles parmi les fidèles: la magnifique Charlotte Savary, le MC Mattic et les deux trublions Hip Hop de A State Of Mind (ASM).

Un dispositif impressionnant. Que l'on sent travaillé, pensé dans les moindres détails. Peaufiné à l'extrême. Permettant au concert d'être divisé en plusieurs tableaux. Aux ambiances fortement cinématographiques. Comme d'habitude. Seulement, l'heure est venue d'en changer le scénario. Car pour qui suit le Wax depuis le premier album et a assisté aux différentes tournées, l'ennui commence à poindre le bout de son sale tarin.

Jamais on ne rentre dans le concert. La faute à des nouveaux morceaux ('Dusty Rainbow', 'Magic Numbers',...) provoquant aussi peu d'engouement sur scène que sur disque. A une trop grande linéarité dans la construction du show. Tout semble convenu. Formaté pour plaire à un (trop?) large public. On alterne ainsi, toujours comme d'habitude, des séquences planantes et sensuelles portées par la voix de Charlotte Savary et des moments plus catchy avec l'intervention des MC's. Efficace dans le passé. Redondant, sans surprise aujourd'hui. Du Trip Hop plus très trippant. Où les moments calmes servent de prétextes pour une pause clope ou une escale au bar. Une impression de déjà-vu qui atteint son summum au rappel. Qui, comme pour la tournée précédente,  s'articule autour de 'Que Sera' et de 'Say Yes'. Cette fois, on a envie de dire non. Les rediffusions nous gavent assez à la télévision. Pas besoin qu'elles s'invitent également dans les salles de spectacles.

Pas de prise de risques donc. Les musiciens semblent prisonniers d'un show trop réfléchi en amont. Tellement millimétré qu'il empêche toute spontanéité. Qualité première d'un bon  concert. Par excès de professionnalisme, Wax Tailor livre un concert consumériste. Que l'on consomme. Sans qu'il nous consume.

Peut-être est-il tout simplement temps de prendre ses distances avec lui? Pour mieux le retrouver plus tard. Avec plaisir. Comme au bon vieux temps.

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