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Horace Andy + Jupiter & Ma Shi Faï à L’Aéronef

Une soirée Reggae. Rien de tel pour prolonger le plaisir d'une belle journée ensoleillée, où le printemps a eu la délicieuse idée de s'inviter en avance. Surtout quand la tête d'affiche est une légende vivante de ce style musical né en Jamaïque. Un vieux de la vieille. Horace Andy.

Un artiste que la jeune génération a principalement découvert grâce à ses collaborations avec le groupe de Trip-Hop britannique Massive Attack. Une exposition planétaire tardive qui ne doit pas faire oublier une carrière longue de 40 ans. Débutée à la fin des années 60 et jalonnée de titres mythiques ('Skylarking' en tête) enregistrés pour le célèbre label Studio One fondé à Kingston par Coxsone Dodd.

En ouverture, le groupe belge Jupiter & Ma Shi Faï. Une formation née autour du Sénégalais Jupiter Diop et érigeant naturellement un pont entre la Jamaïque et l'Afrique. En évitant soigneusement les écueils du Reggae africain: une approche souvent trop naïve, des sons de claviers plastifiés, une médiocrité de la section rythmique, le manque de connivence du couple basse-batterie. Des tares rebutant une majorité de puristes.

Jupiter et ses acolytes, au contraire, font preuve d'originalité, soignent leur son et marient avec intelligence leur Reggae à des influences Rock, Blues ou Afrobeat. Un cocktail sympathique à siroter en guise d'apéro.

L'atmosphère reste bon enfant avec la montée sur scène d'Horace Andy. N'ayant plus à rien à prouver, n'ayant rien à vendre également (le dernier album, 'Serious Times', date de 2010), l'enfant de Kingston fait son job. Et il le fait plutôt bien. Sa voix douce et chaleureuse, son phrasé unique, son vibrato si particulier ne souffrent nullement des ravages du temps. Le répertoire navigue entre standards 70's ('Skylarking', 'Money Money', 'Ain't No Sunshine'...) et compositions plus récentes. Une soirée en forme de Best Of Live en quelque sorte.

Très agréable. Mais aussi quelque peu décevant. Le concert n'est pas à l'image de celle que l'on peut se faire du bonhomme. Car si, comme le déclarent Peter Dalton et Steve Barrow dans leur ouvrage définitif 'The Rough Guide To Reggae', 'peu de chanteurs jamaïcains possèdent un style aussi original et ont eu autant d'influences que Horace Andy', le professionnalisme prend le pas sur le génie. L'homme est un artiste majeur. Le concert, lui, reste mineur. Il manque un grain de folie. Un soupçon d'originalité. Un rapport particulier avec le public. Ce « je-ne-sais-quoi » difficilement définissable mais capital qui fait que l'on garde un concert en mémoire. Et qu'il ne se transforme pas en vague souvenir. Ce qui sera le cas ici. Car, il faut bien l'avouer, à la fin de l'année, quand l'heure des bilans aura sonné, peu de chances que cette date remonte réellement à la surface. Ce qui n'empêchera pas néanmoins de se replonger avec toujours autant de plaisir dans la discographie du chanteur. C'est l'essentiel.

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