Macbeth au Théâtre du Nord

Spectacle des plus attendus de la programmation du Théâtre du Nord de cette saison 2009-2010, le Macbeth de Declan Donnellan a été un véritable choc qui a conquis tout le public.

Le talent du metteur en scène n’est plus à prouver ; il nous avait charmés avec l’Andromaque de Racine, il nous séduit tout autant avec le Macbeth de Shakespeare, joué en langue originale.

Partisan des décors épurés mais où tout devient symbolique, Declan Donnellan nous donne une version touchante du mythe de Macbeth. Un fond noir, de la fumée utilisée aux moments-clefs de l’œuvre, aucun objet (tous les acteurs nous les font deviner par leur jeu), des costumes sombres, presque identiques à tous les personnages, rien de tel pour plonger dans l’ambiance d’une pièce fondée sur l’introspection des êtres.

De fait, cette pièce questionne le rapport à la faute, aux sacrifies que l’on est prêt à faire pour parvenir à son but, aux remords, à ce qui peut rester de vie après la souillure…. On a certes une intrigue bien fixée : des voix viennent prédire à Macbeth un destin royal et, guidé, poussé par sa femme, Lady Macbeth, il tue le roi et prend sa place avant de sombrer dans la paranoïa et la folie. Pourtant, et ce que les choix de mises en scène permettent de souligner, c’est davantage l’exploration du rapport de l’homme avec l’avenir, avec la culpabilité que met en place Shakespeare.

Nous voyons, en effet, au fur et à mesure de la pièce, les personnages perdre de leur enthousiasme premier, pour s’assombrir à mesure que leur faute les ronge. Les acteurs savent varier leur jeu et l’adapter aux renversements intérieurs qui les traversent. Rien n’est jamais figé dans cette œuvre, tout peut changer d’un moment à l’autre. De royal, Macbeth redevient humain et fragile ; de forte et courageuse, Lady Macbeth nous offre le spectacle d’une folie qui la ronge quand nous pouvions la croire insensible ;

Joué en anglais, mais surtitré français, ce spectacle est une plongée dans la langue de Shakespeare, déclamée avec rythme et élégance par des acteurs talentueux
; inutile d’être bilingue pour tout comprendre, de bonnes bases suffisent, il faut ensuite se laisser porter par le jeu des acteurs… ils disent tout avec leur visage, leurs mains, leurs déplacements : rien n’est laissé au hasard.

Avec Declan Donnellan, les grands auteurs semblent reprendre vie et leurs œuvres semblent encore venir nous parler de nous.

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