I want you Quentin SCALABRE

D’un monde qui se fabrique avec des images et des images qui construisent nos mythes, nos symboles, nos repères, Quentin Scalabre extrait, répète, assemble, s’empare de formes connues - les plus connues possibles - qu’il met en scène dans ses œuvres. Stars, multinationales, emblèmes, objets manufacturés, super héros, hommes politiques ou encore, armes, animaux et personnages de dessins animés, se confrontent sur un même plan, selon une composition picturale rigoureuse, mêlant les couches, jouant sur les transparences, les superpositions, proposant même des anamorphoses. En regard aux toiles, des sculptures sont disposées au sol, répliques de hamburgers et portrait découpé d’une ex-vedette de série tv.

Dans la lignée d’artistes tels que Jeff Koons, Bruno Peinado, Daniel Pflumm et en relation direct avec le Pop art d’Andy Wharol ou Roy Lichenstein, l’artiste se nourrit des images véhiculées par les médias et rythme ces œuvres de teintes franches et de couleurs primaires, à l’instar également de la publicité. L’accumulation qui est produite, exacerbe la forme, la vide de son sens. La société ainsi résumée à ses modèles nous apparaît dépourvue de cohésion, caricaturale. Et pourtant, en contraste avec le presque kitsch de la déferlante médiatique et des figures féminines aguichantes, le bleu - teinte très présente dans l’ensemble des toiles - évoque la pureté, un certain assainissement - bleu des cieux, bleu immatériel d’Yves Klein, bleu des Saints.

Face à la modélisation du monde par des systèmes dominants, Quentin Scalabre choisit la peinture et la sculpture, médiums classiques. En transposant dans ses œuvres, nos marques et nos symboles, qui sont somme toute des repères universels, il en renouvelle le sens, nous permet de les redécouvrir. Non pas de les magnifier, mais de prendre le temps d’en contempler la forme, l’expression, d’en apprécier la beauté, et peut-être même d’y retrouver une certaine humanité. Des images et des formes avec lesquelles l’artiste nous propose d’adopter une attitude de spectateurs - et non pas de consommateurs - nous laissant libres d’associer, de reconnaître, de faire des liens, d’être surpris et de s’en amuser.