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Peter Von Poehl au We Loft Music Festival

Il ne fait pas bien chaud à l'extérieur mais une foule dense se presse jusque dans la rue devant le Temple protestant de Roubaix. C'est devenu un lieu habituel pour le We Loft Festival, qui investit des lieux originaux pour un panel d'artistes éclectiques. C'est ainsi que la Piscine ou encore le Non-Lieu accueillent des projets musicaux. Pour le temple, c'est déjà la troisième année comme nous l'explique Brigitte Pluquet, Présidente de l'association des Amis de l'Orgue du temple protestant de Roubaix. Suite à la proposition de la Cave aux poètes, organisateur du festival, le conseil presbytéral a donné son accord pour les artistes présentés, toujours parfaitement en phase avec le lieu, qui n'est certes pas consacré mais où on célèbre toujours le culte. C'est ainsi que le temple a accueilli Elias Dris en 2019 et Piers  Faccini en 2020, une date qui avait beaucoup marqué les esprits. Covid oblige, le festival a fait une pause pour mieux revenir avec une programmation foisonnante où s'insère à merveille le Suédois Peter Von Poehl.

Le choix des artistes dans le temps répond aussi à des contraintes techniques, notamment celle de ne pas trop amplifier le son. L'acoustique naturelle du lieu fait qu'il est possible, et même souhaitable, de régler les micros au minimum, ce qui permet néanmoins d'entendre la musique jusqu'aux derniers rangs ou à l'étage, fermé pour travaux. Le bâtiment fait en effet l'objet d'un vaste chantier de rénovation, ce qui ne l'empêche pas de recevoir du public comme ce soir où la salle est comble. L'atmosphère est donc intimiste, ce qui est encore amplifié par la lumière, les projecteurs se déployant sur les hauteurs avec délicatesse.

Le concert démarre tout en douceur avec Monkey's Wedding et Little Star, deux chansons du dernier album, Memories from Saint-Forget, sorti entre deux confinements. L'album portait la trace des confinements, plutôt tiède et sans effusion mais saupoudré de groove par-ci, par-là. Les morceaux se prêtent donc aisément au programme de la soirée, où le folk doux se permet quelques envolées. Et puis, ambiance intimiste oblige ou permet, Peter von Poehl raconte, timidement, avec pudeur ou plus enjoué, rougissant ou souriant pleinement, des détails sur les morceaux, les circonstances de la composition. Non sans humour et dans un français tout à fait correct - il vit certes en France depuis plusieurs années -, il évoque les petits détails qui se muent en chansons, comme le fait que Near the End of the World est loin d'être catastrophique, ou dévoilant la raison pour laquelle il dénombre 28 paradis (28 Paradise). Nul besoin de connaître ses morceaux pour les apprécier et on a vraiment l'impression de l'avoir toujours connu tant ses talents de conteur, la sincérité du partage, nous emmènent dans son univers. Quand il évoque l'histoire, toute simple, derrière l'une de ses chansons les plus connues, The Story of the Impossible, toute la salle se trouve projetée dans sa cuisine, pièce privilégiée pour cet amateur de cuisine. Après une setlist sur le même format qu'au Café de la danse de décembre avec quelques surprises, et moultes applaudissement, Peter revient pour Going to Where the Tea-Trees Are avant de nous offrir un deuxième rappel avec Travelers. De quoi méditer pour la nuit en repartant : "We are travelers, we go far / the only place we've never been to is where we are." ("Nous sommes des voyageurs, nous allons loin / le seul endroit où nous ne sommes jamais allés est celui où nous sommes.")

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