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Villagers + House of Wolves au Grand Mix

Quelques accords plaintifs qu’on laisse longuement sonner, de longs moments de silence en suspension, des paroles extrêmement dépressives I completely fucked and destroyed my life…  C’est ce que propose l’incarnation de House of Wolves, comme en s’excusant d’être sur la scène. Difficile numéro d’équilibriste tout de même un peu perdu d’avance tant il est difficile de tenir une scène en donnant à ce point l’impression d’y aller à reculons. Peut être tétanisé par l’enjeu, Rey Villalobos (house of wolves en Espagnol) n’a pas encore réussi la transition délicate entre son album fragile et gracieux et son incarnation live. A revoir, tant il a donné l’impression d’être terriblement seul et perdu. Daughters of the sea, l'album, reste néanmoins à découvrir.

La scénographie choisie par les Villagers ne laissait quant à elle aucun doute sur les intentions : ce serait classe et soft, discret et tamisé, retenu et intime. Lampe de chevet en fond de scène, harpe à droite, contrebasse et batterie la plupart du temps aux balais, on n’est pas venu pour faire trembler les murs à coups de décibels. Conor O Brien a parfaitement joué le coup, avec beaucoup d’intelligence : puisqu’on présente un album introspectif, dans lequel on s’est beaucoup dévoilé directement, au cours de titres aussi étincelants que Hot scary summer ou Courage, autant que ça ne devienne pas une pénible et démonstrative livraison d’état d’âme. Le coup sera joué avec une justesse de ton parfaite.

On reste entre nous, pudiquement, autant que possible. Conor va donc tenir une ligne extrêmement subtile, tout sera dans les chansons, tout est déjà dans les textes, tout sera parfaitement audible et lisible… dans les chansons. Quelques mots en français, quelques adresses chaleureuses aux musiciens, les Villagers de cette tournée, quelques sourires esquissés mais pas de prêche à connotation morale. Music talks. On commence d’ailleurs avec le très poignant Pieces, issu d’un album qu’une discussion passionnante avec Vincent, du Grand Mix (rendons à César…) permettait de resituer à son véritable niveau : celui d’un chef d’œuvre qui a tourné en boucle sur de nombreuses platines au point de rendre la vie difficile à Awayland et même à Darling arithmetics

Le son est fantastique, d’une pureté cristalline, on saisit la moindre nuance de cordes, le moindre claquement de contrebasse, le feutré des balais sur la caisse claire, ce clavier qui harmonise si joliment avec la voix. Les paroles sonnent, résonnent, l’émotion affleure très souvent et l’intensité du chant sublime la délicatesse des textes (My Lighthouse), chansons d’amour et d’aube prometteuse, Dawning on me. La qualité d’écoute est maximale, le silence palpable, la guitare tinte et ses arpèges fins sont doublés par l’agilité de la harpe, en cavalcades élégantes et aériennes. On monte en intensité, constamment, on évoque crûment sa personnalité, sans les détours métaphoriques des albums précédents. This is who I am. Point. Remember kissing on the cobblestones In the heat of the night, and all the pretty young homophobes looking out for a fight.

Si on se dit qu’un peu de concision ne nuirait pas, on se régale aussi de la jolie vignette de 27 strangers, cette évocation farfelue, en rappel acoustique. C’est vocalement splendide. La setlist est parfaite et tient entre deux titres qui résument sans doute le parcours de Conor O’Brien : De Pieces à Courage. La seconde partie du set est d’ailleurs plus enlevée, Conor demandant même plus d’appuis au batteur. Bref, c’est superbe, clean, mais classe. On discute longuement de la prestation après le concert, ce qui est toujours très bon signe. On finira même par admettre qu’on n’a pas forcément su tout de suite apprécier à leur juste valeur ces battements de cœur. En attendant que d’autres Heartbeats nous fassent chavirer.

Set list : Pieces / No one to blame / That day / Darling arithmetic / Set the tigers free / Dawning on me / Nothing arrived / So naive / Everything I am / Memoir / My lighthouse / The Soul serene / Little bigot / the Waves / 27 strangers (solo)  Rappel: Jackal (solo) / Hot scary summer / Courage.

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