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Kitty Daisy and Lewis + The Dash au Grand Mix

C’est d’abord à The Dash qu’on doit des excuses plates. A Lille La Nuit, on s’enorgueillit vraiment d’être là pour les premières parties et on fait parfois de sacrées découvertes, on se souvient avoir été médusés par Delbi ouvrant pour Hawksley Workman sur la même scène ou des Irlandais de Hal qui jouaient avant Adam Green. On ne va pas vous la jouer live report imaginaire, on ne fait pas ce genre de choses : on est restés longtemps, très longtemps, coincés sous la pluie battante de ce vendredi soir sur l’A1 et on est arrivés en retard. Quand on sait qu’ils sont régulièrement confondus avec Dash (et non the Dash) dont le EP s’intitule The Day the rain comes down, on apprécie l’ironie. On a juste eu le temps de les voir trempés de sueur au stand du merchandising, heureux, concernés, contents d’avoir faits une belle scène. On leur promet d’être à l’heure une fois prochaine et d’écouter Here comes the sun en leur honneur. Sorry.

Quand on a intitulé son premier disque The roots of rock’n’roll, on assume clairement le plan, quand on a enregistré un single avec une chanson de Johnny Horton en face A et une autre de Louis Jordan en face B, ça pose un climat. La salle est parée de ces années cinquante qui surgissent dans les costumes ultra stylés du public, on devine une immense précision vintage dans les coiffures, les blousons, les pantalons, les Creepers, les tatouages, le choix des vinyles au stand, l’immense plaisir d’être pour un soir dans l’Amérique des années cinquante,  pour faire court et ne pas se tromper dans des références qu’on sent partagées comme des secrets tribaux. C’est que le groupe a débuté sur ce créneau précis. On ne serait pas surpris de voir Brian Setzer venir déclencher la Rockabilly Riot.

Kitty Daisy and Lewis, c’est l’histoire de famille type, puisqu’ils sont non seulement frères et sœurs mais que papa tient la deuxième guitare et que maman joue de la basse et de la contrebasse. On imagine le patrimoine musical qui arrive sur scène à 21 heures 30 tapantes, des années de fouille dans les bacs, des trésors accumulés depuis des décennies et tout va péter joyeusement d’un coup au son d’une entrée en scène théâtralisée par le Pop Corn des Hot Butter ! Les sœurs en fourreaux lamés, d’une extrême élégance et Lewis en boy fifties parfait, comme pour résumer les deux pôles de leur musique, le rockab’ fifties et une forme de soul/ska plus proche parfois de l’univers d’Amy Winehouse, déjante en moins.

On envoie du lourd très tôt,  très vite et on chauffe la salle à blanc en cinq minutes chrono. C’est fort, on passe tour à tour à la batterie pour en jouer comme les batteurs de big band qui devaient tenir la taule sans micros, à l’ancienne, on cogne et on tabasse. Tout le monde est vocalement au top, tout le monde joue de tout, tout le monde joue bien. Ce qui réjouit, c’est le plaisir vrai qu’on manifeste à être sur scène, à jouer pour des gens, sans en faire trop. La salle chavire, chaloupe, fait la fête plus qu’elle n’écoute. On fait claquer les cordes de la DanElectro sur No Action qui chasse sur les terres de la soul classieuse d’Amy Winehouse, on alterne basse et contrebasse, swing à la Pokey Lafarge, Ska façon Specials : c’est la fête. L’intensité maximale est très rapidement atteinte au point qu’on ne joue que douze titres avant un long rappel. Mais une fête intense et courte, c’est sans aucun doute mieux qu’un long banquet pénible. Tout le monde est ravi. Le merchandising va fonctionner plus de 40 minutes après la fin du concert tant les éditions classieuses et autres boxset ravissent les amateurs, les 45 tours, tous la même pochette, s’envolent.

Ultime élégance, un monsieur d’un âge très certain, dans un impeccable costume deux tons et chaussures assorties vient déposer avec passion un programme de festival de rock’n’roll avec précaution. Pour une plaisanterie qui ne devait durer qu’un été, il nous a bien semblé que le rock fêtait sa soixantaine tranquille. On repart avec un petit sourire en songeant à cette douce revanche. Bye Bye Baby.

 

 

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