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Tim Fromont Placenti à la Maison Folie Wazemmes

Lors du passage de TFP au Biplan, on sentait qu'on avait peut être vu là le premier épisode live d'une grande aventure et lu le premier chapitre d'un livre doré sur tranche. Endemic Laughters est arrivé et les promesses discographiques se sont hautement concrétisées tout là haut, dans les éthers d'accords impalpables.

En ce quatre novembre, c'est la fête à la Maison Folie de Wazemmes, un des bastions de cette culture qu'il faut plus que jamais défendre ailleurs et partout, et ici, et encore. La salle se remplit, l'angoisse monte pour le staff dévoué de Tim. L'album est là, sous cellophane, moment magique où toutes ces heures de travail, de studio, de mixes, de choix, de doute, deviennent cette petite chose physiquement incarnée jouable sur les lecteurs, enluminée de la photo de Mikael Broidioi. C'est une émotion à nulle autre pareille pour tout musicien, on l'oublie trop.

Le gang arrive, on s'imagine difficilement les appeler autrement tant on les sait soudés, unis, totalement dédiés à ce projet splendide, ils sont également habillés pour l'occasion, jusqu'à d'élégantes cravates pour Nîm et François. Le disque et ses musiciens sont de sortie.

Et la vague a déferlé. Dire que le groupe a pris une nouvelle dimension est un doux euphémisme, une gentille petite facilité critique. C'est un groupe à la fois totalement différent et foncièrement semblable dans les intentions mais bon sang qu'on a travaillé, qu'on s'est échiné, appliqué, remis en cause. Si le Biplan est le lieu de naissance du groupe ou peu s'en faut (Tim avait signalé que c'était leur premier rappel...), la MFW restera comme la pierre de touche, et la pierre philosophale on l'espère, de cette nouvelle dimension. Élégance rehaussée des lumières subtiles et fines de David Laurie, vidéos projetées, on ne parle plus seulement de musique mais d'univers. Quand on passe de l'un à l'autre, on sait que l'on commence à parler de bois précieux.

Le concert proprement dit est excellent, puissant et nuancé, marchant d'un pas ferme quand il faut, léger quand nécessaire. Le travail des voix, si impressionnant sur l'album, est totalement restitué, avec une précision folle et tout le monde joue, Anaïs est là en renfort de choix... Tim s'arrête pour évoquer une coïncidence troublante, un alignement astral, avant de reprendre Iron Hand, la chanson de Mark Knopfler. Le jour précis ou le groupe s'apprêtait à jouer cette chanson dédiée aux mineurs des grandes grèves anglaises lors du concert de restitution au Métaphone, un de leurs amis publiait sur les réseaux sociaux les projets d'un parti politique : anéantir la salle au motif d'une programmation trop nettement orientée vers la mixité des genres et des styles. Angoisse et  Résistance.  Il cite la dame de fer qui avait broyé cette révolte : No music for the shameful scene. On lève le point, on revendique tous intérieurement notre mixité, notre refus des frontières musicales, on se promet d'aller voir Eric Bibb et son Bamako brother, Habib Koité au Métaphone, le 13 novembre avec Malted Milk. Tim relance la music for the shameful scene. La basse de Nîm tient tout le monde debout, c'est un infatigable marcheur, suppléé par la précision de la frappe de Cucci. François assure constamment un subtil relais harmonique avec Tim, Clément tisse ses toiles au violoncelle, Tim n'a jamais aussi bien chanté.

C'est étincelant jusqu'au bout. On sort une nouvelle fois convaincu que ce groupe a absolument tout. C'est au monde de choisir. 

Setlist : Intro / Hysterical Intimacy / Brain Of Sand / Yous in Mornings / Iron Hand / I'll Have Death And a Cappuccino, Please / (You Are) Home / Over Truth / Mono No Aware / Song For Today / Soon Enough / Worth The Loss Of All Love.

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