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Peter Hook & The Light à l’Aéronef

Ce soir, nous avons traversé le temps et l’espace pour nous retrouver dans le Manchester des années 70-80. Le temps de L'Hacienda, des débuts des Sex Pistols, des Buzzcocks (qui seront d’ailleurs à l’Aéronef le 23 mars prochain…), et bien sur de Joy Division. Peter Hook a réussi à nous ramener dans l’atmosphère moite et enivrante des clubs de ce temps là.

L’Aéronef a eu la bonne idée, pour cette saison 2016/2017 de nous présenter un cycle intitulé « MCR+ - une saison Manchester à l’Aéronef » afin de nous faire voyager au cœur de cette vie si artistique et qui a su faire émerger tant de groupes influents du punk, de la new wave ou du rock.

La première chose qui frappe en arrivant c’est le public, la plupart ont passé la quarantaine. Et puis ici et là on croise des plus jeunes, et même quelques enfants. Mais qu’importe l’âge, tous, nous sommes là pour apprécier la musique, pour retrouver une part de cette enfance, de cette adolescence un peu perdue mais finalement pas si loin. Inutile de dire donc qu’on salive d’avance et qu’en pénétrant dans la salle, où sont toujours présentes les photos de Richard Bellia accrochées à la mezzanine, un frisson d’impatience nous saisit. Il y a beaucoup de monde et c’est difficilement qu’on se fraie un passage au fond.

Le groupe commence, pile à l’heure, par du New Order avec "In a Lonely Place". Les sonorités new wave emplissent l’Aéronef. Le public est bouillant. La voix de Peter est claire et vibrante lorsqu’ils enchainent "Ceremony", "Everything’s gone green" et "Temptation". Il investit la scène en se baladant ici et là, sa basse presque au niveau des genoux. La complicité avec ses musiciens (dont Jack Bates, son fils à la deuxième basse) est bien visible. Au bout de quelques chansons, la mezzanine est ouverte, nous laissant la possibilité d’admirer le spectacle sous un autre angle. C’est également l’occasion d’observer le public qui ne boude pas sa joie. Vu d’en haut, cette marée humaine se mouvant au gré de la musique est presque hypnotisante.

Peter nous remercie plusieurs fois pendant la soirée, en français : « Merci, merci beaucoup » avec le sourire. Mais le dialogue s’arrête là. Un salut, par-ci par-là, un baiser envoyé dans la foule. Et c’est tout, Peter n’est pas vraiment un communiquant, il préfère laisser la musique s’exprimer. Et les titres se suivent, "Blue Monday", "The Perfect Kiss", la très dansante "State of the Nation". New Order a su, au fil de ses (longues) années d’existence garder son identité new wave accompagnée de synthpop. Après "True Faith" et la triste "1963", les musiciens posent leurs instruments et quittent la scène.

Il est temps pour nous de reprendre un peu notre souffle et éventuellement de se réhydrater en attendant la suite. Joy Division. LE groupe de Post-punk qui en a inspiré plus d’un, tout en s’inspirant des plus grands (Bowie, Neu ! The Velvet Underground). La pause passe étrangement vite et lorsque les lumières s’éteignent à nouveau, le public prend une grande inspiration avant de hurler à plein poumons sur les premiers accords de "No Love Lost". Les pogos ne tardent pas à arriver dans les premiers rangs. Comme précédemment, les titres s’enchaînent, sans répit. "Failures", "These Days", "Warsaw". Tout est fluide, Les morceaux relativement courts sont énergiques. Les sons sont saturés juste ce qu’il faut. Et on pourrait presque apercevoir le fantôme de Ian Curtis se mouvant de manière saccadée dans un coin de la scène, accompagnant les musiciens. Sur "Transmission" on danse, on remue. Et puis tout juste après vient "She’s Lost Control". Cette chanson qui prend aux tripes et vous donne autant envie de danser, que de pleurer, fait basculer la fin du concert. A partir de ce moment là, peu de personnes dans le public gardent le contrôle d’eux-mêmes. Peter Hook dédicace la magnifique "Atmosphere" à John Hurt, dont on a appris le décès le matin même « God bless his Soul ! »

Et puis vient celle que l’on attendait tous, "Love will tear us apart"Le public exulte littéralement, chantant le refrain à tue tête. Peter est obligé de calmer ses ardeurs d’un geste de la main afin de reprendre le dernier couplet. Sur les derniers titres, on a eu l’impression d’assister à une messe païenne plutôt qu’à un concert tant la communion entre public et musiciens est évidente.

Un salut des musiciens, des remerciements. Peter enlève son tee-shirt et le balance dans la foule (bon, ok, visiblement il fait ça à chaque fois… mais cela nous fait quand même sourire). Et puis voilà, c’est la fin ! Les lumières se rallument nous replongeant dans le XXIème siècle un peu brutalement. En quittant la salle on discute, on commente et on se surprend à chantonner le sourire aux lèvres.

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