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The Monochrome Set + Scarlet Rascal à l’Aéronef

On se pique d'essayer de porter la plus grande attention aux premières parties et pour cette fois, on était carrément impatients parce que l'album des Scarlet Rascal est bon, très bon, entre The National pour la voix toute faite de gravité sombre et l'urgence des Stranglers quand ils sont énervés, c'est à dire tout le temps. Le Television de Marquee Moon et les Talking Heads ont aussi été évoqués. La mixture est porteuse... Ce n'est pas tous les jours qu'on s'arrête aussi longuement sur l'album du groupe de première partie, autant en tout cas que sur le nouvel album du Monochrome Set, pour lequel, au fond, on va à l'Aéro. On l'avait donc écouté, beaucoup, quelques aperçus scéniques nous avaient mis en appétit... L'humour barge du clip aussi.

Pari totalement tenu, c'était très hypnotique, porté par une morgue très British et une foi authentique en la musique défendue. Les ombres de New Order et de Joy Division sont passées. Le guitariste est excellent, strident parfois, mais porteur d'une belle urgence aussi. Un set tendu, intense et court, une belle défense de ce premier album prometteur et peu de concessions. 

Le Monochrome Set a une histoire complexe, au risque de s'autoplagier, on la résumera comme ça : l’un des groupes les plus outrageusement sous-estimé de toute l’histoire de la pop anglaise alors qu’ils ont étendu leur influence jusqu’aux… Smiths eux-mêmes. Si on s’étonne souvent de la manière qu’à Morrissey de porter la note et de roucouler, il faudrait sans doute commencer par reprendre toute l’histoire du groupe. Récemment encore, un quotidien national gallois jouait d'un titre qui résume tout : The greatest band that never was. Steve Tucker y comparait très sérieusement Bid à Morrissey, Jarvis Cocker ou Ray Davies, rien que ça.

Dès que le groupe arrive, on sait que ce sera d'une classe folle parce qu'on a des compositions parfaites, un catalogue très très fourni et qu'on est sur une dynamique excellente. On va d'ailleurs de nouveau entrer en studio en septembre. Le syndrome du groupe qui n'a pas réussi à la hauteur de son talent n'entre plus du tout en ligne de compte. Finalement, on joue, il y a du monde et c'est déjà très bien.

On se régale aussi de cet impeccable bassiste, Andy Warren, qui joue le regard perdu, les pieds croisés, tissant inlassablement son canevas de notes absolument parfaites, toujours là où il faut, jamais au delà, jamais au dessus, tenant la note, découplant des arpèges splendides, c'est une leçon de sobriété et d'économie musicale, l'antithèse absolue de la démonstration, il occupe superbement l'espace et tisse ses lignes subtiles. On le regarde jouer, bouche bée. La musique personnifiée.

L'écoute est extrêmement respectueuse comme si on ne déconnait pas avec le Monochrome. mais il faut dire que le public est un public de fans. Le groupe joue, pratiquement, devant des amis, qui connaissent bien les titres, sans doute tous fans de la manière spéciale qu'à Bid de conduire la mélodie, d'enchaîner très rapidement les passages d'accord et de ne pas, de ne jamais jouer quoi que ce soit pour rien. C'est très frappant, quand c'est dit, ce n'est pas répété, jamais la moindre redite. C'est le genre de groupe qu'on suit depuis longtemps, dont on accompagne les rééditions vinyles, nombreuses au merchandising. Un petit secret délicieux, un délice pop.

Bid, le chanteur, tourne tranquillement ses pages sur un pupitre en fer blanc d'harmonie municipale. La frime ? Non. So passé. Au douzième rappel, parce que c'est difficile de ne pas revenir jouer quand ce sont des copains qui le demandent, on aura droit à un émouvant adieu à Chuck Berry. Solo à la guitare, Bid rappelle cette étrange idée, imiter la démarche du canard avec une guitare... Strange thing to be a duck with a guitar. Et le groupe revint encore... pour nous permettre d'admirer une dernière fois la jolie robe de John Paul Moran aux claviers. Une soirée toute en couleurs. 

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