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Ben – R.C.V.

Ben – R.C.V.

Ben Date de l’événement : 25/09/2007

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En octobre 1982, Radio Cité Vauban, une radio pirate fondée par quelques étudiants ingénieurs voit le jour officiellement sous le statut associatif. Cette année, l’unique radio associative lilloise fête donc ses 25 ans. Un quart de siècle, ça se fête et ça mérite un petit bilan. Ben, animateur et salarié à R.C.V. nous explique où en est la radio. Quel avenir pour elle par rapport au Comité Supérieur de l’Audiovisuel, au numérique et à Internet ?

Interview en écoute :

Aurélie : Radio Cité Vauban est l’unique radio associative lilloise. Peux-tu expliquer son principe de fonctionnement ?

Ben : C’est une radio qui fonctionne avec énormément de bénévoles : pas loin de 70 bénévoles et 2 salariés à temps partiel : moi-même et Vincent. On émet de 17h à 5h sur le 99 FM et 24h/24 sur www.rcv-lille.com. C’est une radio de découverte musicale. Elle a des émissions spécialisées dans plein de styles musicaux : du Rock au Hip-Hop, à l’Electro.

Aurélie : Beaucoup de membres sont donc bénévoles, ont-ils tous une activité professionnelle en rapport avec la musique ou il y a une certaine diversité ?

Ben : Pour beaucoup, je dirai que oui. Quasiment la plupart des animateurs sont soit DJ’s, soit manageurs de groupes. Je pense à Beepee qui est manageur de Red et plein de groupes indé. Certains font même partie de groupes. Pour les plus anciens, ils ont un métier. Les plus jeunes sont des DJ’s, activistes de la métropole lilloise ou des rockeurs…

Aurélie : R.C.V. fête ses 25 ans. C’est quoi le bilan, les projets ?

Ben : Le bilan n’est pas très glorieux parce qu’en 25 ans, les conditions des radios associatives n’ont pas beaucoup évolué, les modes de financement non plus. Nous avons pris le parti de ne jamais faire de publicité. En 25 ans, il n’y a jamais eu de publicité sur R.C.V. On est plutôt fiers même si on en paye les conséquences. On n’est pas bien riche. Nos studios sont très roots. Le matériel est vieux. On a du mal à chaque fois qu’il y a un souci technique à se retourner et à pouvoir réagir rapidement parce qu’on n’a pas les moyens qui vont avec. Malgré çà, il y a quand même un bilan positif en 25 ans. On a réussi à s’implanter dans le milieu des musiques indépendantes, auprès des artistes indépendants. Il y a énormément d’artistes qui s’autoproduisent et qui nous envoient leurs albums. Tous les labels indé français nous envoient leurs dernières nouveautés. C’est le cas aussi de plein de labels indé étrangers comme Ninja Tune ou alors à la Fabrique à Londres qui nous envoient des mixs qui font ; Cramdisc, un label belge mythique avec qui on travaille énormément aujourd’hui, Uncivilized World, un label français qui cartonne en ce moment et qui a sorti Birdy Nam Nam, Sayag Jazz Machine, Elisa Do Brasil. On est content de pouvoir travailler avec tous ces labels et content qu’il pense à nous à chaque fois qu’ils sortent un disque. Nous, on joue le jeu puisque c’est des trucs qu’on aime.

Aurélie : Vous fêtez l’événement sur une longue période : du 5 octobre au 7 décembre. Pourquoi avoir choisi de fêter cet anniversaire sur plusieurs semaines et avec cette programmation là ?

Ben : Sur plusieurs semaines, c’est parce que tout simplement c’est difficile de faire un gros festival concentré sur trois jours et trouver un lieu à Lille qui permet de le faire. Si on avait la possibilité de le faire en extérieur, ce serait bien mais on est à Lille, il ne faut pas l’oublier… Un festival en automne à Lille à l’extérieur on oublie tout de suite ! « Sur plusieurs semaines » parce qu’on voulait aussi bosser avec plusieurs endroits qui nous semble incontournable à Lille. On a joué le jeu de se dire qu’on est la radio associative de Lille donc on va faire nos concerts à Lille. C’est pour cette raison qu’on est à La Malterie, au Détour, au Kiosk, dans les deux « Maison Folie » de Moulin et Wazemmes puis à l’Aéronef. Le reste de la question, c’était… « Pourquoi ces artistes là ? »

Aurélie : Oui. Pourquoi cette programmation là ?

Ben : Cette programmation là pourrait être un peu une playlist de R.C.V. finalement. Je me disais çà pendant la conférence de presse l’autre jour. La quasi-totalité des artistes qu’on programme pour ce festival sont des artistes qu’on a déjà joués à la radio. Je pense notamment à Billy B Beat, 3-1… Ce sont des CD’s qu’on a reçus ici et qu’on a tout de suite adoré, tout de suite programmé. On est rentré en contact avec les artistes puis on est resté en contact avec eux. C’est le cas aussi pour Boloniaise. Je n’ai pas la prog’ sous les yeux. Je n’ai pas tout en tête… C’est donc par affinité musicale sauf peut-être pour Kamini. C’est un peu comment dire… un retour de service. On a été là au tout début avant même que çà commence à tout pêter pour lui sur Internet. On a tout simplement fait une interview de lui ici. C’était sa toute première. On a été les premiers à diffuser ses titres, enfin… son titre « Marly-Gomont » à l’époque. Donc, aujourd’hui, il nous rend la monnaie de la pièce en disant : "Je vais vous faire bénéficier de ma notoriété aujourd’hui pour que R.C.V. fasse parler d’elle pour les 25 ans. "

Aurélie : L’année prochaine, c’est le prochain plan de fréquence du C.S.A. Quelle est la situation de R.C.V. par rapport à cette mesure ?

Ben : Actuellement, le dossier est en cours de constitution. Il est même quasiment fini. On prend le parti de demander une pleine fréquence uniquement parce qu’on a peur de refaire en plus un dossier pour une autre demi fréquence. Çà peut être discriminatoire. Le C.S.A. peut se dire qu’on est prêt à rester en demi fréquence et donc nous laisser en demi fréquence. On prend donc le parti de tout miser sur la pleine fréquence. C’est aussi pour çà qu’on fête nos 25 ans. On essaie de faire parler de nous aussi bien auprès du public que des médias pour montrer qu’on est vraiment implantés ici en tant qu’entité culturelle lilloise et qu’on est un peu indispensables pour tous les artistes, les groupes, les associations, les activistes, les salles de concert. On est un peu le médiateur entre tous ces intervenants là. On est une vitrine pour tous ces gens là. Tous les jours, les concerts sont annoncés à la radio. Les groupes peuvent venir diffuser leurs titres dans nos émissions que ce soit dans l’émission « What’s up » tous les jours à 18h ou alors dans les émissions spé’.

Aurélie : On parle beaucoup des enjeux du numérique. Penses-tu qu’Internet peut aider R.C.V. et plus généralement les autres radios associatives ?

Ben : Alors, le numérique pour la radio et Internet sont deux choses différentes. La norme numérique va arriver d’ici 2012. On va être obligé de s’aligner comme n’importe quelle autre radio de France à la norme numérique. On va devoir racheter du matériel. Le réseau hertzien n’existera plus du tout. Les postes de radio tels qu’on les a aujourd’hui seront complètement désuets. On aura des nouveaux autoradios numériques. Mais, Internet, çà nous aide carrément parce qu’on émet à 30 km autour de Lille. C’est déjà bien car la métropole lilloise est un beau bassin de population. Mais, çà nous permet aussi surtout pour les émissions spécialisées en Rock, en Blues, en Drum’N’Bass ou en Hip-Hop d’être écoutées partout en France et même ailleurs. Ce sont souvent des réseaux internationaux qui gravitent les uns autour des autres. On reçoit régulièrement des mixs de DJ’s qui sont à Toulouse ou à Rennes par exemple. Ils savent qu’ils peuvent nous envoyer du son car ils écoutent R.C.V. sur le web. Voilà, çà se fait aussi comme çà. Çà nous permet d’être découvert dans une zone plus large que la métropole lilloise.

La précarité d’une radio comme R.C.V. fait partie du quotidien et rien ne dit qu’elle sera encore là dans 25 ans. Elle espère obtenir une pleine fréquence courant 2008, sinon elle disparaîtra. Lillelanuit.com a voulu soutenir cet acteur culturel de la région. C’est pourquoi vous pouvez écouter R.C.V. tout en naviguant sur le site. Retrouvez toute la programmation prévue pour fêter les 25 ans comme il se doit du 5 octobre au 7 décembre dans notre agenda.

Photo © Hervé Leteneur / w.skenea.eu
herve.leteneur@free.fr

 

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