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Shearwater, « Jet Plane and Oxbow »

Shearwater, « Jet Plane and Oxbow »

Shearwater Jet plane and oxbow Style : Pop des grands espaces Sortie : 22/01/2016

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Jouer en terrain connu, espérer un renouvellement : c'est toujours un peu comme ça que l'on aborde les disques de nos comparses de longue date. C'est qu'il y a déjà presqu'une quinzaine d'années que sortait The Dissolving room de Shearwater ou peu s'en faut et que le dernier album paru était composé de reprises.

Le groupe d'Austin a heureusement toujours su muter en creusant un sillon personnel, une sorte de pop lyrique, se retenant constamment de justesse au bord du précipice de l'emphase déplacée. Cette maîtrise est cruciale, sous peine de s'emporter et de tomber dans le vide en planant sur la gratuité des envolées, les voix trop constamment exaltées. Jonathan Meiburg, le one-man-band (c'est injuste, admettons...) de Shearwater, est un maître absolu de cette alliance fine entre les éléments, alchimiste sonore extrêmement doué.

Beaucoup de disques standards sont au fond d'une grande pauvreté mélodique, ce qui n'enlève rien au plaisir un peu rustaud qu'on a parfois à les écouter mais là, chez Shearwater, c'est composé, pensé, agencé : de la très belle architecture sonore portée par un sens aigu des espaces, des vides, des pleins, des déliés, des souffles épiques et mélodiques. Beaucoup de profondeur, un mélange réussi entre une part organique, les guitares de Pale Kings par exemple, et une part plus délibérément synthétique, l'intro de Prime par exemple.

Le tout est teinté d'entrelacs de claviers élégants et de pianos parfaits, de basse rampante, de batterie martiale comme on n'ose plus toujours les mixer avec des caisses claires extrêmement puissantes et de soudaines déflagrations de guitares. Belle arrogance, menton relevé crânement, la fierté sobre en étendard, envolées magistrales et maîtrisées... lyrisme non feint, une forme de grandiloquence assumée sans le moindre des ridicules que le genre peut comporter. On songera aussi à un cousinage lyrique avec Okkervil River.

On se sent bercé par de grands espaces sonoresInto the Wild, comme dans le roman de Krakauer ou le film de Sean Penn. Meiburg s’était dit très fatigué de sa propre musique sur KEXP après plus de 200 concerts donnés suite à la parution d'Animal Joysentant la nécessité d'emprunter des routes connues et partagées en compagnie de Fellow Travelers comme Sharon Van Etten, Clinic ou Saint Vincent. Il avait choisi des groupes avec lesquels Shearwater avait tourné. Très sage décision pour se ressourcer totalement et trouver de nouveaux coins de baignades pop pour ces étranges oiseaux que sont les Shearwaters, de la famille des Albatros. Belle mutation, les ailes restent largement déployées. L'ensemble est flamboyant. 

En concert à l'Aéronef, le 16 février, avec Volgograd.

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