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Belgica : L’histoire du plus célèbre bar de Gand sur une musique de Soulwax !

Synopsis : Jo et Frank sont frères, et comme souvent dans les familles, ces deux-là sont très différents. Jo, célibataire et passionné de musique, vient d’ouvrir son propre bar à Gand, le Belgica. Frank, père de famille à la vie bien rangée et sans surprise, propose à Jo de le rejoindre pour l’aider à faire tourner son bar. Sous l'impulsion de ce duo de choc, le Belgica devient en quelques semaines the place to be…

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Belgica : Du cinéma estampillé Lille La Nuit !

Critique :  Vous l’avez remarqué, à Lille La Nuit, nous aimons traiter de tous les cinémas. Mais quand un film évoque la musique, les bars, la Belgique, la fête et tout ce qui va avec, il est de notre devoir de vous le signaler. Surtout si le film en question mérite réellement le détour.

C’est le cas de Belgica, le dernier long-métrage de Felix Van Groeningen. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, un petit flash-back s’impose : Van Groeningen est un nom qui ne vous dit peut-être rien mais dont vous connaissez certainement les films. Il a signé le formidable La Merditude des Choses. Et a réalisé le déjà très musical autant qu’émouvant Alabama Monroe - récompensé par le César du meilleur film étranger en 2014 -. Si vous n’avez jamais vu ces films, nous vous conseillons de les découvrir toutes affaires cessantes !

Avec Belgica, Van Groeningen (jeune cinéaste de 38 ans) s’intéresse ainsi de nouveau à la musique. Mais cette fois, il est allé fouiller dans ses souvenirs pour livrer un film librement inspiré de l’aventure du bar créé par son père à Gand, Le Charlatan. Un lieu hors du commun qui voyait se mélanger toute la population gantoise, branchés de tous bords, ouvriers, amateurs de rock ou de techno, pauvres et riches, noirs et blancs, consommateurs d’alcool ou d’autres substances plus ou moins prohibées… Van Groeningen grandit dans cet univers d'utopies surnommé "L'Arche de Noé" - aucun videur n'est recruté, du moins au début de l'aventure - et tiendra même le bar dès l'âge de 16 ans, avant que deux frères ne le rachètent. C’est en mixant ses souvenirs et son imaginaire qu'il construit l’histoire de Belgica.

Ce qui est passionnant avec ce film, c'est qu'il se regarde autant comme une œuvre de fiction qu’un document sur le monde de la nuit des années 90 (les choses n’ont peut-être pas tant évolué depuis).

Ce qui est surtout passionnant, c’est qu’on découvre l’évolution d’un bar, melting-pot(es) de la société gantoise. Cela commence comme une petite entreprise entre deux frères puis, alors que le lieu prend de l’importance, les tensions naissent, des histoires d’amour et d’amitié prennent vie, grandissent, perdent de leur intensité et s’éteignent. La drogue fait son apparition. Le rêve cède peu à peu la place au cauchemar.

Felix Van Groeningen filme Le Belgica comme s’il s’agissait d’un personnage à part entière, avec sa propre pulsation cardiaque, son rythme, sa vie. On peut franchement dire qu'il n'a pas volé son prix du meilleur réalisateur au dernier Festival de Sundance - consacré aux films indépendants et créé par l'immense Robert Redford -.

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Belgica : On a l'impression d'y être ! D'ailleurs, on y est !

Si on prend en compte que la mise en scène, c’est le choix d’angles de prises de vues, la direction d’acteurs, l’utilisation de la musique, le montage son et image - tout ce qui fait le point de vue d'un cinéaste - nous ne sommes pas loin de penser à Lille La Nuit, que Felix Van Groeningen vient de signer un film qui fera date dans sa catégorie.

Ils sont assez peu nombreux à savoir retranscrire le monde de la nuit sur un écran de cinéma. Souvent, les séquences sont mal fichues, sonnent faux, tout semble artificiel, recréé en studio. Quant aux scènes live, elles ressemblent la plupart du temps à de pathétiques reconstitutions qui vous donnent l’envie de fuir le cinéma pour vous réfugier le plus rapidement possible dans une salle de concert. Non, le cinéma ne sait pas toujours filmer la musique. Même s’il existe de très belles exceptions comme The Rose ou plus près de nous, Eden.

La réussite de Belgica tient beaucoup au fait que Van Groeningen a bien connu le bar qui a inspiré le film, y a vécu, emmagasiné de nombreux souvenirs, ambiances, expériences et sensations.

Il a aussi la bonne idée de confier la bande originale du film à Soulwax - David et Stéphane Dewaele, deux frères connus aussi pour 2 Many DJ’s -. Le groupe a fréquenté Le Charlatan *, y a joué. Du coup, ils livrent une reconstitution parfaite de l’univers musical de cette décennie. Si on entend dans Belgica des titres célèbres, la plupart des morceaux sont inventés de toutes pièces, tout comme les groupes rock ou électro que l’on voit jouer en live.

L’option de composer une nouvelle bande son et d’inventer des groupes offre à Belgica son petit supplément d’âme. On a l’impression d’être plongé au cœur des concerts, des sets de DJ’s. Ça sent la transpiration ! Le mixage son est à tomber sur le cul - le film se doit d’être vu en salles pour en apprécier toute ses dimensions, visuelles et sonores -.

Ce que réussit également Felix Van Groeningen, c’est de ne pas tomber dans l’angélisme ou le manichéisme. OK, le monde de la fête et de la nuit, c’est sympa. Mais c’est aussi un univers qui peut vite basculer dans la noirceur (la vraie) avec ses histoires de cul glauques, de came, de violence. Sans jamais se montrer moralisateur, le cinéaste refuse de faire du Belgica un bar où tout ce qui s’y déroule ressemble au monde des Bisounours. Certaines séquences du film sont dures et font très mal - un passage à tabac dans une ruelle sordide est particulièrement éprouvant -. Mais on trouve dans le film également de beaux moments de camaraderie, d’humour, de complicité.

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Stef Aerts et Tom Vermeir, époustouflants dans les rôles de Jo et Frank !

Cette complicité on la trouve aussi du côté des acteurs. Il n’y a pas la moindre erreur de casting dans le film. On sent un véritable effet de « troupe ». Mais les deux comédiens qu’on retient en sortant de Belgica ce sont Tom Vermeir et Stef Aerts qui interprètent les deux frères, Frank et Jo. E-pous-tou-flants, ils font évoluer leurs personnages du début à la fin du métrage. On les découvre gentils, méchants, doux, violents, pathétiques, inquiétants, sournois, drôles, bouleversants, calculateurs, …

On ne dira jamais assez à Lille La Nuit  - et ce film le confirme de la plus belle des manières - à quel point les acteurs belges font partie des meilleurs au monde ! Alors, si vous aimez la Belgique, les belges, Gand, la musique, le cinéma, les bars, la vie, la nuit, si vous êtes des habitués de Lille La Nuit - ou pas, d’ailleurs -, nous vous « sommons » de voir Belgica !

* Le Charlatan existe toujours à Gand. Ses propriétaires actuels assurent en avoir conservé l'esprit d'origine (les substances en moins, bien sûr).

Belgica
Réalisation : Felix Van Groeningen
Scénario : Felix Van Groeningen, Arne Sierens
Musique : Soulwax
Montage : Nico Leunen
Image : Ruben Impens
Durée : 2h07
Sortie le 2 mars 2016
Film-annonce, photos et affiche © Pyramide

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