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Le Café Jean

Le Café Jean

Pierre - Le Café Jean Style : Café / Bar Date de l’événement : 27/03/2014

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Lille la Nuit.com est allé à la rencontre de Pierre, un des deux gérants du Café Jean, situé à Wazemmes depuis 1923 ! Confortablement installés dans les fauteuils du petit salon du café, nous apprenons à connaître l’histoire de l’établissement qui fête ses deux ans de reprise cette année. Avec ses concerts, son petit salon décoré par des artistes, son traditionnel concours de crachats de noyaux d'olives, si, si !, sa terrasse, le Café Jean est devenu un incontournable du quartier de Wazemmes.

Vous venez de fêter les deux ans de reprise du café. Quand on regarde le logo, on lit « depuis 1923 », pourriez-vous nous raconter un peu l’histoire du café.

Ce café a été créé par la famille Casier en mai 1923, on ne connaît pas la date exacte. Elle l’a tenu pendant plus de 60 ans, jusqu’en 2003. Les derniers propriétaires avant notre arrivée étaient Jean-Louis et Chantal Gros. Monsieur Jean, c’est lui. Chantal est morte un an après la vente du café et Jean-Louis en 2007. On est la troisième main. De ce que l’on sait, c’est l’un des plus vieux cafés de Lille.

Pourquoi avez-vous eu envie de reprendre ce café ?

Personnellement, je ne suis pas du tout du métier, mon associé Vincent, oui, et il est lillois en plus. Je pense qu’on est tombés amoureux de l’endroit, et qu’on n’aurait pas pu reprendre un bar ailleurs, c’est sûr !

Quand vous l’avez repris, il était fermé depuis un moment ou pas ?

Il n’a jamais fermé, mais il ne tournait plus à la fin. […] C’était quand même un café important pour les gens du quartier parce qu’ils avaient leurs habitudes ici, même si on ne s’en n’est pas tout de suite rendu compte.

Quel était votre projet quand vous avez décidé à deux de reprendre cet établissement, qui est une institution ?

On ne savait pas que c’était une institution, on ne savait pas vraiment ce qu’on faisait. On l’a découvert au fur et à mesure en trouvant des photos dans la cave, en discutant avec des clients. C’était assez naïf, on voulait juste faire quelque chose. Je pense qu’on a eu de la chance, parce qu’on a fait les bons choix, mais sans vraiment savoir qu’on les faisait. On ne s’est pas bloqués dans l'idée : « c’est notre bar, on va y faire ce qu’on veut ». On a pris les idées de tous les copains et de la famille. J’ai encore du mal à expliquer comment… Après, le lieu est exceptionnel, il n’y en a pas deux comme ça à Lille.

Intérieur du Café Jean - © Le Café Jean

Intérieur du Café Jean - © Le Café Jean

L’idée était donc de garder ce côté traditionnel, ancien bistrot, et après ?

C’était un café qui marchait avant, vraiment. C’est un espace qui est très bien agencé et qui a toujours marché dans le quartier. Il suffisait juste d’arriver et de le dynamiser un peu.
Pierre - Le Café Jean

Pour tout ce qui est de la décoration, c’est une amie à nous qui s’en est chargée, Camille Martin. Après, il y a l’arrière du bar, le fait de tout mettre sur des ardoises à l’espagnole. Au départ, on voulait même changer de nom, appeler ça « chez les deux gros », et puis on s’est rendus compte que c’était plus intéressant et plus logique de s’inscrire dans l’histoire de ce café, qui a une histoire très longue, et parfois un peu sombre. A part quelques détails, on ne connaît pas vraiment l’histoire, mais le lieu la transpire de toute façon. […]

Quels ont été les moments forts pour vous au cours de ces deux ans ?

Il y en a eu beaucoup, ça a été frénétique. Les gros moments, ça a été l’ouverture et le concours de crachats de noyaux d’olives. On a retrouvé des photos où ils bloquent la rue et crachent des noyaux d’olives. Quand tu gagnes le concours ici, tu es champion du Nord – Pas-de-Calais de la Fédération Française du lancer de noyau d’olives. Des moments clefs, il y en a eu beaucoup d’autres. Chaque personne nouvelle qui revient et avec qui on parle, c’est un moment clef.Dès le début, on s’est donnés des directives assez simples, c'est-à-dire assurer une qualité de service, que le café soit toujours propre, qu’il n’y ait pas d’embrouilles, qu’on propose des produits de qualité. Le seul espace qui nous appartient, c’est derrière le bar, tout le reste, c’est à tout le monde. Et on fait confiance aux gens. On est peut-être le seul café où, même si on ne te connaît pas, on te fait une note tout de suite. Tu veux t’asseoir, tu payeras plus tard en partant. Et en fait on se rend compte que, quand on fait confiance aux gens, la plupart du temps, ça fonctionne. C’est une démarche assez simple.

Quelle est votre place aujourd'hui dans le quartier ?

Il y a beaucoup de gens du quartier qui viennent, et en deux ans, la rue s’est dynamisée. Après notre ouverture, il y a quatre bars qui ont ouvert : l’Auberge de Jeunesse, le Pol’Art, La Boulangerie et La Contrebasse, qui est devenue La Bodega. C’est vraiment une rue qui est en train de se métamorphoser. On a lancé une dynamique dans le sens où c’était une rue un peu à l’abandon et, quand ils ont vu qu’on a réussi à mobiliser autant de gens, ça les a attirés. Mais on ne perd pas pour autant notre clientèle. […] On parle du Café Jean, les gens connaissent. Même chez la clientèle féminine. Et là, pour le coup, c’est ce qu’on ciblait vraiment. Parce que s’il y a des filles, il y a des mecs qui suivent, une ambiance beaucoup plus cool, pas de gros lourds… On favorise clairement la venue de la clientèle féminine.

Comment est-ce que vous définissez votre programmation de concerts ?

La seule exigence qu’on a c’est qu’on puisse danser à deux. C’est pour ça qu’il y a très peu d’électro ou de choses de ce style. Je pense qu’on est l’un des seuls bars de Wazemmes où on peut danser. Les gens adorent ça, un Rita Mitsouko et c’est parti ! Je m’occupe de la programmation et je ne suis pas quelqu’un de très pointu sur les sons. J’écoute à peu près toujours la même chose, et donc c’est au feeling. J’écoute ce qu’ils font et d’autres personnes me donnent des conseils.

Vous avez beaucoup de demandes de la part des artistes ?

L’idée de base est de faire en sorte que les gens s’amusent ici.
Pierre - Le Café Jean

Oui, mais on ne fait pas beaucoup de dates, on en fait deux ou trois dans le mois. On ne veut pas être assimilés au statut de café-concert. On est un des seuls cafés à beaucoup travailler la semaine. Une grosse partie de mon travail ici, c’est de connaître les gens. Vincent est beaucoup plus discret, il gère plus derrière le bar. On s’applique en tous cas à dire bonjour, faire la bise et laisser passer la soirée. On est actifs dans Culture Bar-Bars et d’autres organisations avec lesquelles on partage les mêmes valeurs.

En parlant de Culture Bar-Bars, qu'est-ce que vous avez pensé de la réunion du B.L.O.C. qui a eu lieu sur « le monde de la nuit » ?

La démarche de réflexion est intéressante, et puis la participation, c’est ça qu’il faut mettre en avant : il y avait du monde. Ça prouve qu’il y a clairement des gens attachés à ces lieux-là, et cela a un réel impact sur la vie des gens et la vie culturelle. C’est un débat compliqué parce qu’il y a plusieurs secteurs qui se mélangent. On reste quand même des boites privées, donc on doit faire du business, mais on a aussi une place dans la diffusion de la musique aujourd’hui et je pense que la réelle frustration vient du fait qu’il y ait eu un changement de cap pris par la mairie il y a quelques années qui choque les lillois. La plupart des lillois, qui ne sont pas originaires d’ici, sont venus parce qu’il y avait cette attractivité-là et cette sorte de bienveillance. Je suis venu pour ça aussi à Lille. C’est un débat d’actualité et un des reflets de la société dans laquelle on évolue aujourd’hui. Après, il faut garder à l’esprit qu’en tant que gérant de bar, il faut faire attention, on a une responsabilité. Pour nous, si ça se passe bien dans le quartier, c’est parce que depuis le début on ferme toujours à l’heure, parce que si il y en a un qui élève la voix dehors, il se fait tout de suite attraper, parce qu’on ne tolère pas qu’on fume sur la terrasse…

On a parlé des concerts, maintenant, on peut parler de ce petit salon, quel est le concept ?

On ne peut pas faire d’exposition, parce que le lieu est très chargé, et on ne se voyait pas en faire une sans la mettre en valeur. Et ici, ce n’est pas possible. Donc on s’est dit que ce petit salon pouvait être l’occasion de faire intervenir des artistes et que cela reste une œuvre dans laquelle les gens vivent. On a lancé ça pour les deux ans et, tous les 6 mois, il y a un artiste ou un collectif qui réinvestit tout le lieu, c'est-à-dire du mobilier aux murs, etc. En gros, on le paye pour qu’il refasse tout. Ce sont Les Tantines qui ont fait la décoration du salon actuel.

Comment ça se passe ? Vous définissez un thème au préalable ?

Non, ce sont des propositions. On va voir les artistes parce que ce sont des gens dont on apprécie le travail. Dans ce cas, ils nous ont fait deux propositions : on a choisi « la femme dans tous ses états ». Forcément, ça allait dans le sens aussi de notre politique.

D’autres projets sont prévus ?

Le concours de crachas de noyaux d'olives, qui se déroulera le 24 mai, et puis après pas vraiment de grands projets. Avant, on ouvrait le dimanche, maintenant c’est le lundi. Les dimanches acoustiques sont terminés, parce que d’autres sont en place là-dessus. Pas de grands projets dans l’immédiat. Mais de belles dates qui vont arriver.

> Le 14 mai à partir de 18h, l'association Flonflons investira pour une soirée le Café Jean, avec l'émission What's Up retransmise en direct du lieu et une projection du court-métrage tourné sur place Porte-à-Porte !

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