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City Hall, un manga paru chez Ankama

City Hall, un manga paru chez Ankama

Guillaume Lapeyre & Rémi Guérin City Hall Style : Manga Date de l’événement : 25/05/2015

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C’est au cours de la soirée organisée par Ankama au Dernier Bar Avant la Fin du Monde à Lille en l’honneur du manga City Hall qu'on a pu rencontrer leurs auteurs dans une ambiance bon enfant où ils ont accepté de répondre à quelques questions autour de cocktails inventés pour l’occasion.

Pourriez-vous présenter City Hall à celles et ceux qui ne le connaissent pas ?

Rémi Guérin : C’est un manga dans un univers steampunk. Au début du 20ème siècle, à Londres, le ministre des finances est assassiné dans des circonstances assez mystérieuses. Le chef de la police, dépêché pour enquêter, découvre sur le corps de la victime une feuille de papier à moitié calcinée. Terrifié par sa découverte, il se précipite au City Hall, s’introduit sans préavis dans le bureau du maire et lui déclare “Le Monde tel qu’on le connaissait a cessé d’exister.” Le maire, Malcolm X, s’effondre en voyant la feuille. Dans cet univers, le papier n’est plus fabriqué depuis deux cents ans et l’écriture manuscrite est interdite pour une simple raison : tout ce qu’on écrit prend vie. De ce fait, le papier est considéré comme une arme de destruction massive. Dans ces circonstances, les services de police conventionnels ne sont pas équipés pour interpeller des suspects dont l’arme est l’imaginaire, de ce fait, le maire décroche son téléphone et dit “Appelez-moi Jules Verne !” Ce dernier débarque avec son jeune assistant, Arthur Conan Doyle, on leur confie le dernier carnet existant et les charge de débusquer l’auteur de ce crime, quitte à devoir utiliser l’écriture.
À l’origine du projet, il y avait la Ligue des Gentlemen Extraordinaires que je souhaitais adapter dans un contexte contemporain et en n’utilisant que des figures historiques. Le premier à m’être venu en tête a été Jules Verne, dont je suis un grand admirateur, puis tous les personnages représentés à qui je souhaitais rendre hommage : A.C. Doyle, Amelia Earheart, H.P. Lovecraft, Abraham Lincoln, Malcolm X… autour desquels s'est construite l’histoire.

Il y a un décalage historique entre ces personnages dans la réalité : Lincoln a vécu au 19ème siècle, Malcolm X dans les années 60, Lovecraft dans les années 20-30…

RG : Il s’agissait de rendre hommage à des figures que nous respectons pour différentes raisons. Dans la mesure où nous racontions une fiction, on s’est dit : pourquoi pas ? Puisque le papier donne réellement vie à quelque chose, autant aller jusqu’au bout de notre plaisir.

Pourquoi avoir fait un manga ?

Guillaume Lapeyre : Nous avions déjà collaboré ensemble dans le genre franco-belge, mais le format ne convenait pas du fait de la densité de ce que nous avions à raconter à moins de demander au lecteur de dépenser une fortune. De ce fait, aucun éditeur ne nous aurait suivis. Nous avons donc développé une histoire et démarché plusieurs maisons d’éditions et Ankama nous a suivi quasiment tout de suite. J’avais tout à fait conscience des sacrifices que je devais faire en termes de rythme de production, comparé à une bande dessinée traditionnelle.

RG : Nous sommes à la fois auteurs et amateurs de BD. Nous sommes conscients que c’est devenu très compliqué d’en vivre car on réfléchit à deux fois avant d’investir quinze euros dans un album de cinquante pages. Produire un manga, c’est proposer cent soixante pages environ pour huit euros à un rythme très soutenu et à condition que Guillaume y survive ! Aujourd’hui, un auteur de BD classique va produire environ cinquante planches par an. Guillaume produit entre une et deux pages par jour. Cela dit, nous sommes très satisfaits du résultat et il nous semblerait difficile de faire autrement.

Vous en êtes à six tomes parus au cours desquels on part d’un récit d’aventures et d’enquêtes pour découvrir différents niveaux de lectures qui intègrent également la découverte des personnages et de leurs passés dans un ensemble cohérent sur l’ensemble de l’œuvre. Aviez-vous déjà cette trame en démarrant ou cela s’est-il construit au fur et à mesure ?

RG : Un peu des deux. Le tome 7, qui paraîtra le mois prochain, conclue le premier cycle tel que nous l’avions conçu. Occasionnellement, je me suis laissé guider par les personnages, ce qui m’a parfois amené à modifier le fil de l’histoire pour retomber sur nos pieds. Ça s’est produit lors de la rencontre avec Houdini (tome 2) où Arthur fait des choix qui ne correspondaient plus à ce que nous avions prévu au départ mais qui étaient venus naturellement du fait du développement de son personnage.

soirée city hall

Le format des livres vous a permis de créer des effets de transparence de page sur le tome 6, les livres eux-mêmes sont proposés avec des couvertures alternatives, c’est peu commun…

GL : C’est une idée que nous avions déjà utilisé sur une série précédente et que nous avons réintroduit au moment opportun dans l’histoire. Ainsi, si vous regardez le miroir avec une lumière en contre sur la planche, par transparence vous verrez apparaître des choses…

RM : C’est également pour renforcer le concept de l’objet-livre avec lequel il y a plein de choses à faire, vivre… Si on considère le travail énorme pour parvenir à cet objet, il semblait évident de lui rendre la valeur qu’il mérite avec des petites astuces.

Le tome 7 est-il le dernier ?

RG : Dans nos têtes, l’aventure initiée s’achève dans celui-ci, mais on ne se ferme à rien. Si demain une idée est suffisamment motivante pour démarrer un nouveau cycle, pourquoi pas ! Il faut dire que nous sommes très attachés aux personnages et à cet univers.

Parlons un peu du jeu de rôles, comment est-ce venu sur la planche ?

GL : C’est le fruit du hasard des rencontres. Laurent Devernay, auteur de jeu confirmé, a aimé la BD et nous a contacté pour savoir si nous souhaitions en développer un.

RG : D’ailleurs, quand nous avons vu le résultat, son existence est devenu évidente.

soirée city hall jeu

Après le livre de base et l’écran, d’autres suppléments sont-ils prévus ?

GL : Dans l’immédiat, il y a des scénarii qui viennent compléter l’univers, parus dans des magazines ou sur internet. Il y aura une mise à disposition des modules sur le site du jeu, Laurent a carte blanche pour ajouter des scénarii additionnels, de même que Stéphane Gallay, mais pour l’instant ce seront des suppléments gratuits.

Avez-vous eu des retours intéressants ou sortant de l’ordinaire ?

GL : On a eu des lectrices adolescentes qui sont rentrées dans une librairie et ont demandé une dédicace de Jules Verne car “il est trop cool”, pareillement pour Conan Doyle…

RG : On a également une diffusion du manga qui dépasse nos espérances puisque nous avons des professeurs de collèges qui nous ont confié le faire étudier en classe car il est une bonne accroche pour évoquer des auteurs de littérature. De ce fait, nous faisons régulièrement des interventions dans les collèges et lycées pour rencontrer des élèves qui se mettent à lire Jules Verne parce qu’ils ont lu City Hall. À côté de ça, il y a quelques projets en gestation, comme une compagnie de grandeur nature, par exemple, qui organise une partie sur le thème de City hall en fin d’année et qui va regrouper deux cents participants environ. L’an dernier, à la Japan expo, une lectrice nous a confié que grâce à ce manga, elle s’était ouverte au monde, c’est le plus beau compliment qu’on puisse nous faire puisque si on touche ne serait-ce qu’une personne, le pari est gagné. Ce soir également, nous allons jouer avec des lecteurs et nous sommes ravis de cette rencontre.

GL : Le plus grand succès est de pouvoir se dire qu’on a trouvé notre public.

Heureux d’être à Lille ?

RG : Oui, ce week-end nous étions à la convention Geekopolis et comme notre éditeur est à Roubaix, nous nous sommes dit que c’était l’occasion de venir rendre une visite pour saluer l’ouverture du Dernier Bar Avant la Fin du Monde, que nous connaissons quand nous allons à Paris, et rencontrer nos fans pour jouer avec eux. C’était une manière comme une autre de les remercier de nous suivre ainsi. City Hall étant un concentré des références culturelles de l’imaginaire, être dans ce bar, c’est un peu être à la maison !

City Hall : 6 volumes parus chez Ankama,
Tome 7 disponible à partir du 19 juin.

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