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« Thin Walls » de Balthazar

« Thin Walls » de Balthazar

Balthazar Thin Walls Style : Pop élégante Sortie : 30/03/2015

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Avec ce troisième disque, Balthazar ajoute à sa haute couture discographique une touche de soie dans les arrangements, classieux sans être trop sucrés, pour s’y lover confortablement. L'album est rehaussé d’une pointe de dandysme dans la voix, distanciée et ralentie, séduisante comme une jolie fille qui boude pour de faux. Plus organique, plus alerte et élancé que son prédécesseur, Thinwalls est très réussi. Les mélodies semblent plus abouties et les cordes sont parfaites. On est ni dans le lisse ni dans le consensuel comme lorsque les cordes ne sont pas parfaitement intégrées aux compositions. Guitares acoustiques et subtiles, chœurs qui volent en harmonie, basses rondes et tissus chamarrés de cordes entrelacés, déhanchement saccadé de Night-club, intensité rythmique plus marquée pour accompagner le raw desire des paroles. Balthazar suit sa ligne, pêche dans ses eaux élégantes et limpides, sans se trahir ni se répéter. Les chanteurs ont une manière particulière de faire sonner les mots, la diction portant le sens. Un peu comme quand on chantonne, lassé blasé, aux premières heures du jour après une jolie nuit blanche qui n’en finit pas de tenir ses promesses, un peu froissé, malgré le costume finement coupé et la cravate impeccable. Quand on tente de rajuster un bouton de manchette indiscipliné alors que notre finesse motrice s’est noyée dans un cocktail complexe bu un peu vite. Bryan Ferry sourit dans l'ombre d'un rideau.

L’impression d’uniformité qui peut naître d’une écoute distraite n’attend pas la fin de la deuxième tentative pour se dissoudre définitivement. On va trébucher et se déhancher façon Tom Waits sur I Looked for you par exemple, jouer de ruptures harmoniques savantes, musique toujours en mouvement, entre rupture et envolée, équilibre et faux pas. C’est cet aspect qui marque le plus la différence avec les deux albums précédents, davantage de percussion, de concision, comme si le groupe sentait mieux ce qu’il peut se permettre de retirer. La voix un peu alanguie n’est jamais caricaturale et tutoie les sommets du genre dans Bunker, soutenue, comme souvent dans le disque, par une basse élastique qui ne cesse de rebondir dans tous les coins. Le mixage est très subtil, l’étagement des instruments remarquable, ça respire, c’est aérien et aéré, les cymbales peuvent même chuinter tranquillement. On se partage les instruments et les voix au mieux de l’intérêt des morceaux, guitares ou violons, toujours le signe que l’intelligence est à l’œuvre dans le disque, que les choix servent davantage les titres que les egos. L’album est légèrement plus pop et tout aussi légèrement plus rock que le précédent même si on reste sans le moindre doute dans les frontières souples de leur élégant paysage intérieur. Voix célestes et mixées ensemble, basses rebondies, guitares légères, batterie sèche et jamais frimeuse, le disque est très réussi, on se délecte de tous ces détails qui font du disque une superbe chasse aux trésors sonores, tout en fausse facilité et en coolitude affichée. Et on le remet au début. Classieux.

Concerts : Pas de date en France avant les Nuits secrètes, on peut retrouver le groupe au Cactus festival, le 11 juillet, au festival des Ardentes, à Liège. A Ronquières en août.

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