Depuis trois ans, c'était le silence radio. Après la réception pour le moins mitigée de leur dernier opus, Junk of the Heart, on commençait à croire que les Kooks avaient définitivement remisé leurs guitares. Grave erreur ! Le 8 septembre dernier, le quatuor britannique de Luke Pritchard a fait un retour fracassant dans l'arène musicale avec Listen, l'album que l'on n'attendait plus !
Grandeur et décadence
Chevelure savamment décoiffée, jeans slims et t-shirts moulants : nul n'a oublié la vague des « baby-rockers » qui a déferlé sur la scène culturelle française au milieu des années 2000. Aux côtés de jeunes groupes indépendants comme les Arctic Monkeys, les Kooks s'étaient imposés comme de véritables icônes du style dans l'Hexagone. En 2006, leur premier disque, Inside In/Inside Out, avait suscité l'engouement de toute une génération d'ados avec des tubes acidulés désormais incontournables comme Naïve ou Ooh La. Deux ans plus tard, Konk, classé numéro un des charts au Royaume-Uni, confirmait leur statut de révélation Pop-Rock Outre-Manche.
Pourtant, l'effervescence des débuts s'était rapidement essouflée. Junk of the Heart, lancé en 2011, avait laissé les fans perplexes. Le départ forcé de Paul Garred et les drames personnels traversés par leur leader, dévasté par une rupture amoureuse et le décès de son grand-père, semblaient avoir eu raison de la fraîcheur et la fougue qui avaient fait leur succès. Entre désir de renouveau et attachement aux fondamentaux, les Kooks n'avaient pas su trancher. Les riffs légendaires se trouvaient ainsi écrasés par la présence tutélaire des synthétiseurs, le tout résultant dans un brouillon expérimental douteux et sans grand intérêt artistique dont on ne retenait, finalement, pas grand chose. Rien d'étonnant lorsqu'on sait que Pritchard avait composé l'un des titres... aux toilettes.
Une métamorphose audacieuse
Mêmes cheveux, nouveau batteur, les Kooks ont grandi et nous reviennent aujourd'hui transformés, un dépoussiérage dont ils avaient grand besoin. Avec Listen, enregistré entre Los Angeles et Londres, ils font un pari audacieux : celui de se réinventer. Preuve en est, ce quatrième opus n'est pas produit par Tony Hoffer comme le furent les précédents. Cette fois, Pritchard a préféré s'entourer d'Inflo, jeune prodige de la scène Hip-Hop anglaise, un choix surprenant qui marque un véritable tournant musical. Ainsi, le groupe prend le risque de s'affranchir du carcan stylistique Indie/Rock et quitte radicalement sa zone de confort. Ce qui n'était qu'une tentative balbutiante dans Junk of the Heart se pose alors, ici, comme une métamorphose maîtrisée et aboutie.
Hybride : c'est le terme qui qualifie sans doute le mieux Listen. Les traditionnelles mélodies Rock côtoient sans complexes sonorités Funk, Soul ou encore Electro, et ce mariage pour le moins inattendu parvient à nous tenir à l'écoute de bout en bout. Dès les premières notes, Around Town nous embarque, à grand renfort de choeurs gospel, dans un tourbillon de rythmes festifs et entraînants. L'énergie ne retombe pas : on se déhanche au son des accents disco de Forgive & Forget, on ébouriffe sa crinière avec It Was London et Bad Habit, aussi décoiffants qu'un titre des Clash... Pour la pause douceur, rien de tel que See Me Now, un piano-voix tout en émotion et en justesse qui prend la forme d'une lettre à un père disparu. En somme, Listen s'illustre comme un ensemble ambitieux mais redoutablement efficace. Alors, quand, dans Are We Electric, Luke Pritchard nous fredonne « This is evolution, so take my hand », on la lui prend sans hésiter et on se laisse emporter par cet album qui, décidément, porte bien son titre !
Les prochaines dates dans la région :
Le 14 février 2015 au Cirque Royal - Bruxelles
Le 19 février 2015 à l'Aeronef - Lille
