Si vous n’avez pas encore entendu parler de Feu ! Chatterton, vous ne tarderez pas à les découvrir ! Et pour cause, les jeunes dandys parisiens font la une de la rentrée musicale 2014. Un vent de fraîcheur souffle sur la scène française…
Ils viennent à peine de débarquer dans la pop/rock française que les médias se les arrachent déjà. On les compare à Gainsbourg, Bashung, Noir Désir… Même si l’analogie est peut-être légèrement prématurée, une chose est sûre : les cinq gaillards sont bourrés de talent.
De Gauche à droite : Arthur (chant), Sébastien (guitare), Clément (guitare, claviers), Antoine (basse), Raphaël (Batterie)
Depuis toujours dans le bain de la musique, les membres de Feu ! Chatterton n’étaient pourtant pas forcément voués à créer cette entité. Après le lycée, ou trois d’entre eux se sont rencontrés (Arthur, Clément et Sébastien), chacun suit sa voie. Tous suivent de longues études : HEC, Centrale, Sciences Po, ENS, Conservatoire dernier niveau… Question musique, Arthur - chanteur et parolier - se consacre d’abord au rap. Passionné de poésie, il écume les bars à slam, ne perdant pas de vue ses amis musiciens pour autant. Petit à petit, ils se mettent à créer et jouer ensemble. Antoine et Raphaël s’ajoutent au groupe. Arthur ne rappe plus, il chante. Des textes percutants, subtils, poétiques, sur une musique rock moderne, ciselée, aux écrins électro-dance. Feu ! Chatterton est né.
Un nom qui a le don de surprendre. Pourquoi l’association de ces deux mots ? « Le feu, c'est pour l'expression un peu désuète, Feu la princesse, feu la reine. On a mis un point d'exclamation pour être un peu plus léger, parce que c'est pas trop drôle comme histoire. C'est aussi pour jouer sur le sens du top départ, le commencement, et feu la mort », explique Arthur au journal Sud-Ouest. Quant à « Chatterton », aucune référence au scotch du même nom, mais plutôt au suicidé Thomas Chatterton, poète maudit de l’Angleterre du XVIIIème siècle, décédé à 17 ans en s’empoisonnant lui-même, pensant qu’on ne croyait pas en son génie.
Mis en lumière par Fauve en première partie de leurs concerts complets au Bataclan, les Feu ! Chatterton tournent lors des festivals d’été, devenant la révélation des Francofolies et glanant de nombreux prix à chacune de ses représentations. Le groupe a le don de se faire remarquer. Outre leur talent musical, les cinq dandys s'attachent à prendre soin de leur image. Tout particulièrement Arthur ! Souliers vernis, moustache finement taillée et costumes trois pièces, un look tout droit sorti des salons parisiens de la fin du XIXème siècle, qui dénote avec celui de ses camarades, plus décontracté.
Dès les premiers secondes de ce premier EP, sur Côte Concorde, le talent des Feu ! Chatterton nous saute aux oreilles. Des textes inspirés servis par une musique toujours parfaite, sans jamais trop en faire. Cet hymne aux victimes du Costa Concordia nous berce tranquillement, comme si l'on suivait le roulement des vagues, jusqu'à un changement de rythme brutal : la tempête va emporter "cinq étoiles"...
S'en suit "La Malinche", femme mythologique mexicaine, considérée à la fois comme la plus grande traîtresse du Mexique moderne et sa mère fondatrice. En se mariant à l'envahisseur espagnol Hernan Cortés, elle trahit sa patrie, tout en permettant de donner un nouveau visage au Mexique. "La Malinche" est avant tout la chronique d'un homme rongé par la jalousie, aux côtés d'une femme aux charmes ravageurs. Un mélange de rock et d'électro qui fonctionne à merveille, énergique et plein de panache.
Le titre suivant, "A l'aube", retrace toute l'histoire de la jeunesse d'aujourd'hui. Celle de deux "frères", séparés par la distance d'un long voyage, l'un étant parti "18 mois au bout de la Terre, éprouver son corps et sa tête dans les champs de banane d'Océanie". Un voyage qui va bouleverser cette relation, puisque "l'infinie tendresse, la mémoire et les téléphones mobiles sont peu de choses contre la distance. Tout allait changer". Un slam émouvant dans lequel de nombreux étudiants voyageurs pourront se retrouver.
Enfin, "L'heure dense" clôture ce premier EP. Légèrement en dessous des trois autres titres, ce dernier nous désoriente dans une comparaison emberlificotée entre une femme et la nuit. On leur pardonne, tant le reste de l'album frôlait la perfection.
Vous l'aurez compris, Feu ! Chatterton a littéralement conquis Lille la Nuit.com. Un nom qui apostrophe, un style particulier, un talent rare… Le quintet parisien a tout pour réussir une grande carrière musicale. La claque de la rentrée !
