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« Control » de Fyfe

« Control » de Fyfe

Fyfe Control Style : Electro Soul Sortie : 09/03/2015

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L’électro pop lumineuse et gracieuse de Fyfe semble destinée à enluminer et vernir les salles de la métropole. Après avoir éclairé le Grand Mix en première partie de Sohn, le revoilà à la Péniche, le 23 avril, premier album en bandoulière soft, aussi intense que prévu, respectueux de toutes les promesses de la scène et des titres déjà parus. Electro très aboutie, la musique respire l’intelligence dans la composition à chaque titre, réussissant à faire oublier à quel point on est parfois dans une musique peu directement jouée mais surtout composée avec tout ce que la technologie peut offrir de ressources. Pour autant, tout est dialogue et tout est échange dans ce disque qui commence par le subtil et tendu Conversations. Machines, certes, mais toutes les formes d’intelligence musicale sont les bienvenues : aucune froideur ici et de belles envolées, un peu comme le réussit le maître de tous ces jeunes gens, Ryan Lott, la tête très pensante de Son Lux. Quand on risque de frôler la froideur programmée, un éclair de saxophone soprano vient percer les nuages synthétiques avant qu’une jolie coulée de piano très organique ne prenne le relais sur le titre suivant, boucles et chant se mariant avec une grâce parfaite, chant tendu et toujours soutenu par de splendides nappes vocales en chœurs. L’ensemble dégage une très sensible beauté presque plastique, une intention que la pochette confirme autant que la vidéo de Solace.

Certes on songera à Son Lux, donc, à James Blake, à Douglas Dare aussi mais peu importe. On n’y songera guère pour repasser à ces disques là mais davantage pour compléter cette zone de la discothèque ou règnent les disques intelligents, certes cérébraux mais terriblement séduisants par la finesse et la délicatesse qu’ils dégagent, quand les voix s’entrelacent sensuellement, doublées, triplées, en chœur, reprises par des guitares sobres. Oui, des guitares.

Fyfe semble capable de choisir systématiquement ce qui sert le mieux son intention, il ne s’est pas amusé quelques heures avec des boucles préprogrammées sur les logiciels qui peuvent parfois donner l’impression qu’on fait de la musique. Le chant subtil et modulé est constamment superbe et on sait qu’il est tout à fait capable de reproduire cette performance, live, aux côtés de son percussionniste, le cœur battant de la machine. Une touche de soul nichée dans une électro soft de haute volée nimbée d’une extrême sensibilité. Control clôt l’ensemble par de légères envolées de synthétiseurs avant qu’une pointe de tension ne vienne contaminer le morceau, peut être pas si serein qu’il y paraît. C’est toute la réussite de ce disque, marier l’inquiétude et la sérénité, l’organique et le technologique sans qu’à aucun moment on ressente les effets d’un collage artificiel et maladroit, tout s’embrasse, tout s’enlace. On se quitte dans un long souffle parfaitement coulé qui vient rider l’eau sans la moindre vague. Aérien et aquatique. On aura juste le temps d’apprécier le disque avant d’aller le  retrouver sur notre bateau préféré. In Waves. On pourra même se croire à St Tropez. 

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