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« Benjamin Booker » de Benjamin Booker

« Benjamin Booker » de Benjamin Booker

Benjamin Booker Benjamin Booker Style : Soul Furieuse Sortie : 18/08/2014

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On imagine très facilement Benjamin Booker arriver à une répétition dans un local au plancher vintage et se brancher cash sur un ampli Marshall sans la moindre fioriture, pas du genre à finasser sur les équalisations stockées dans des banques numériques d’échantillonnages, on met sur canal saturation et on envoie, ça sortira dru, sec et râpeux, comme il se doit. Nourri d’une incroyable immédiateté, le disque est brûlant et chaud comme une patate de barbecue, c’est strictement spontané, en direct du chevalet de la guitare, au bout du médiator. Le garçon a un cv hautement recommandable sous la forme de la panoplie complète du musicien du sud des USA : il joue d’abord acoustique puis sur une électrique (sans ampli !) et il connaît très bien le gospel. On peut faire pire. D’où ces titres gorgés de soul incandescente qui doivent laisser passer le Violent Shiver,  le frisson violent de son premier simple. Letterman en est encore décoiffé.

C’est effectivement particulièrement vibrant et électrique et Violent shiver n’est pas le single qui cache un album trop vite articulé autour de trois titres qui tiennent la route. Les solos ne sont pas spécialement longs, on ne bavarde pas des masses, une fois que c’est dit, on embraye. Pied au plancher de la taule. A faire passer Black Joe Lewis pour un finaud un peu porté sur la délicatesse. Cela n’empêche pas du tout les moments plus aériens de se faufiler dans la baston générale menée à deux ou trois, la plupart du temps, comme sur scène. Une scène qu’il envisage comme un moment très particulier, un rituel. Quand il se dit fan de Sonic Youth comme de Blind Willie Johnson, on n’est pas surpris du tout, puisqu’il possède le sens sonique de la déflagration des uns et le blues de l’autre. Il sait aussi se poser parfaitement et laisser sa voix à la tessiture un peu voilée dégager davantage d’émotions sur tapis d’orgue, comme dans Slow coming. Cette immédiateté et cette énergie en cavalcades folles font penser à l’une des célèbres phrases de Keith Richards, La technologie, c’est ce dont on a le moins besoin pour faire du Rock’n’roll.  On s’embarque même parfois du côté d’une sorte de soul punk déchaînée, sur Have you seen my son ?, par exemple. On le découvre aussi très capable de sculpter de chouettes solos dans le mur du son. Forcément, si on est fans des arpèges délicats délivrés d’une main diaphane, faut passer son chemin, clairement. Si on a envie d’une suée salvatrice au sein du Grand Mix, le 5 mars, c’est lui qu’il faut aller voir. Et attention, notre Dirtygreg est grand fan, Benjamin n’a pas intérêt à la jouer prudemment. Ça risque de barder. Go.

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