Une œuvre aux résonances modernes : quand des adolescents partent en guerre au nom de Dieu…
C’était certainement l’un des chefs-d’œuvre de Corneille qu’il était le plus urgent de faire entendre aujourd’hui. Martyr à l’ardeur iconoclaste, Polyeucte lutte entre le désir amoureux et le désir de Dieu, entre le goût de la vie et l’attraction de la mort. Fascinante et angoissante, cette passion religieuse toute d’excès est bien plus aliénante que libératrice.
À peine marié à Pauline, pressé par son ami Néarque, Polyeucte se baptise et se convertit au christianisme, religion interdite par Rome. Pauline a fait un rêve : la foule, son père le gouverneur et son ancien amant Sévère tentaient de l’assassiner. Elle voudrait garder son époux auprès d’elle. Mais le baptême sera une révélation, celle du sacrifice, du renoncement pour le martyr et d’un goût pressant de la mort. Que s’est-il passé pour que ce doux prince devienne si brutalement fanatique ?
Comment le rapt de cette âme par la religion a-t-il pu se produire et détourner Polyeucte de l’amour et de la vie ?
Brigitte Jaques-Wajeman poursuit son exploration des grandes œuvres de Corneille (Nicomède, Suréna, Sophonisbe et Pompée) les donnant à entendre dans toute leur ampleur, avec délicatesse et passion. Et aujourd’hui la pièce revêt une actualité exceptionnelle. Comment ne pas penser à ces adolescents partant en guerre au nom de Dieu ?
Fort heureusement, dans Polyeucte, si la tragédie semble inéluctable, elle n’empêche pas les personnages de défendre leur gloire dans de baroques rebondissements et de porter haut la voix de l’intelligence et de la tolérance.
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