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LE film qui créa un « couple » mythique : Marcello Mastroianni et Sophia Loren !

Synopsis : Paolo est un jeune garçon sérieux et travailleur qui gagne sa vie comme chauffeur de taxi. Un jour, trois adolescents se font conduire à la mer. Alors que Paolo est en train de se baigner, il entend la sonnerie de l’antivol de son taxi. Il met en fuite les deux garçons qui tentaient de le voler et reste en tête-à-tête avec la fille, la troublante Lina.

 © Acacias Films

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Critique : Cette semaine est l’occasion pour Lille La Nuit d’évoquer le cinéma italien qui fut l’un des plus populaires, prolifiques et créatifs au monde. La production transalpine fut riche de péplums, comédies, drames, westerns, mélodrames, films d'"auteurs", d’exploitation, séries Z d'horreur, post-apocalyptiques- réalisés par de grands cinéastes, petits artisans respectables ou d’obscurs tâcherons sympathiques- avant de quasi disparaître des salles obscures, assassinée par ce triste sire de Silvio Berlusconi et n’ayant pu résister, au contraire de la France, à la toute puissance du cinéma américain. Grâce à Plan Séquence, vous pouvez donc voir cet été au cinéma Le Majestic de Lille, les mythiques Sacco et Vanzetti (à partir du 6 août) et La Dolce Vita (à partir du 13 août) ; ainsi que Dommage que tu sois une Canaille, jusqu’au 12 août, et un peu partout en France.

C’est à ce film moins célèbre que nous avons décidé de consacrer cette chronique, car s’il est un peu oublié aujourd’hui, Dommage que tu sois une Canaille n’en demeure pas moins un film phare de la comédie italienne des années 50. Il est donc plus que temps de réparer ce qui nous semble être une injustice.

Mais pourquoi ce film si délicieux a-t-il quelque peu disparu de la mémoire des cinéphiles et spectateurs ? Nous émettons deux hypothèses : Peut-être est-ce dû à la personnalité même de son réalisateur, Alessandro Blasetti ? Il fait partie de ces cinéastes qui s’effacent derrière leurs films, pour qui seuls comptent les scénarii, les comédiens. Blasetti s'est toujours considéré lui-même comme un artisan du cinéma. Il n'a pas vraiment de "signature". De fait, même si les historiens lui réservent une bonne place dans l’histoire du cinéma italien, il n’a pas la même aura que d’autres cinéastes tels Fellini, De Sica (qui joue dans le film le père de Sophia Loren), Rossellini, Risi, MonicelliZurlini et quelques autres. Pour résumer, c’est sans doute à cause de sa modestie que Blasetti a été quelque peu oublié. L’autre raison, moins respectable celle-là, c’est que ce metteur en scène italien réalisa quelques films militants à la gloire du parti fasciste de Mussolini, avant de s’en écarter. Mais doit-on condamner l’œuvre d’un artiste à cause de son passé d’homme ? Voilà une vaste question qui continue aujourd’hui de faire débat...

Mais revenons à Dommage que tu sois une Canaille. Inspiré d’une nouvelle de l’écrivain Alberto Moravia -que Godard adaptera de manière toute personnelle en 1963 avec Le Mépris- ce film est d’abord une comédie extrêmement drôle, menée tambour battant par un réalisateur qui connaît parfaitement son métier. Les dialogues sont vifs, la mise en scène alerte, les situations très drôles (les scènes où l’on découvre les méfaits de cette famille de voleurs, sont à mourir de rire). Voilà du cinéma qui, s’il n’a pas le génie d’une œuvre comme Le Pigeon, s'il n'atteint pas la puissance critique d'un Scola comme Affreux, Sales et Méchants, se regarde néanmoins avec énormément de plaisir. Dommage que tu sois une Canaille n’a pas pris une ride bien que le film affiche l’âge vénérable de 59 ans (il fut réalisé en 1955). De plus, il dresse un portrait plus subtil qu’il n’y paraît de l’Italie d’après guerre et de sa jeunesse.

S’il est aussi à (re)découvrir, c’est aussi pour sa liberté de ton, son irrévérence, ses plans d’extérieurs. Pour Lille La Nuit, Dommage que tu sois une Canaille annonce clairement les nouveaux cinémas qui vont bientôt déferler sur le monde : La Nouvelle Vague en France et le Free Cinéma, en Angleterre.

 © Acacias Films

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Autre fait marquant, c’est qu’on y retrouve pour la première fois à l’écran l’un des plus beaux couples de l’histoire du cinéma : Marcello Mastroianni et Sophia Loren. Quant on revoit le film de Blasetti, on est frappé par la modernité de leur jeu, la liberté de leur interprétation et, bien sûr, le charme ravageur qui se dégage des deux interprètes.

Si Mastroianni fut un tel séducteur à la ville comme à l’écran, c’est que justement, il ne joue jamais au séducteur. Dans Dommage que tu sois une Canaille, il affiche même une certaine maladresse et passe plus d’une fois pour le « couillon » de l’histoire. Ne se prenant jamais au sérieux, Mastroianni est bien plus séduisant que bon nombre de bellâtres de cette époque. De plus, il est hi-la-rant ! Voilà un comédien puissant -autant à l'aise dans la comédie, la farce que la tragédie- que les jeunes générations se doivent de découvrir toutes affaires cessantes.

Quant à Sophia Loren, il serait bon de se souvenir à quel point elle secoua le monde lorsqu’elle fit son apparition sur un écran de cinéma. Quelle beauté ! Quelle grâce ! Quel tempérament ! Quelle bombe ! Dès son entrée dans le film, elle est un véritable ouragan. On imagine sans peine son influence sur de nombreuses comédiennes (en France, elle inspirera sans aucun doute Bernadette Lafont, qui fut l’une des égéries de la Nouvelle Vague). On parle encore beaucoup aujourd’hui de Brigitte Bardot, pour les tabous qu’elle brisa et la façon dont elle modernisa l’image de la femme dans Et Dieu Créa la Femme en 1956. Mais allez jeter un œil (les deux, c’est même mieux) à Dommage que tu sois une Canaille, réalisé un an plus tôt. On est troublé de voir une telle sensualité à l’écran. Quel choc Sophia Loren dut provoquer au moment de la sortie du film ! Et on s’amuse aujourd’hui de voir l’actrice dévoiler sa pilosité sous les aisselles. Paradoxalement, en ces temps tout à la gloire de l’épilation et du "ticket de métro", cela la rend encore plus désirable.

© Acacias Films

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Par la suite, Mastroianni et Loren tournèrent encore onze fois ensemble pour certains des plus grands réalisateurs et films italiens.

Dommage que tu sois une Canaille est une rareté, l’une des comédies les plus vivifiantes et rafraîchissantes projetées cet été dans nos salles obscures, d''autant plus qu'elle bénéficie d'une très belle restauration en numérique. Voilà du cinéma qui allie charme, intelligence, réflexion, fantaisie et  divertissement. Du 100 % estampillé Lille La Nuit.Com !

Dommage que tu sois une canaille (Peccato Che Sia una Canaglia) Italie -1955 Réalisation : Alessandro Blasetti - Avec : Vittorio De Sica, Sophia Loren, Marcello Mastroianni... VOSTF-1h30

Séances Dommage que tu sois une canaille

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